C’est un énorme cliché : Brésilien et mathématicien, Artur Avila fait des maths sur les plages de Rio de Janeiro. Ajoutons qu’il bénéficie d’un physique de surfeur, pratiquant la musculation avec la même assiduité que la stimulation des neurones. Pour tenir la charge, il a remplacé le déjeuner par trois litres de lait qu’il boit en marchant. La remise de la médaille Fields, la récompense suprême pour les mathématiciens qui ne sont que cinquante-six à l’avoir décrochée depuis 1930, l’a contraint à acheter son premier costume. Il a opté pour un Dolce et Gabbana, après avoir confronté la géométrie des coupes à celles de son corps.
La parenthèse black tie refermée, il a remis tongs, bermuda et tee-shirt, pour rejoindre son labo de Rio : la plage de Leblon, à côté de celle d'Ipanema, et l'Institut de mathématiques pures et appliquées (Impa) qu'il fréquente régulièrement depuis qu'il a 16 ans. En principe, l'Impa accueille les étudiants à partir du master, mais une médaille d'or aux Olympiades internationales avec une note proche de la perfection (37 sur 42) vous ouvre les portes et débloque l'attribution d'une bourse bienvenue. Ses parents fonctionnaires n'ont pas eu une vie «particulièrement facile», dit-il sans préciser, mais ils lui ont toujours acheté les livres qu'il demandait. Son père travaille pour une société d'assurances. Sa mère s'occupe des impôts de la ville de Rio. Quand ses copains se plongent dans leurs premières BD, Artur Avila jongle avec les 0,