Ce vendredi, la revue Science* a remis le couvert contre les néonicotinoïdes, cette classe d'insecticides agricoles utilisés depuis une vingtaine d'années. L'article, signé par Francisco Sanchez-Bayo, de la faculté d'agriculture et d'environnement de l'université de Sydney, met en perspective plusieurs études parues depuis deux ans. Parmi lesquelles une énorme «méta analyse» conduite par une «task force» mondiale, publiée l'été dernier (1). Il se termine sur une conclusion exprimée en termes très prudents. «Bien que ces problèmes continuent d'être soumis à des investigations, les connaissances actuelles conduisent à reconsidérer les traitements préventifs actuels des semences avec des néonicotinoïdes», écrit-il. Sauf que «reconsidérer» signifie ici envisager moratoires, restrictions d'usage ou bannissement définitif de ces insecticides. Si les mots sont doux, la décision suggérée est dure.
Santé publique
Dure, car les néonicotinoïdes représentent aujourd’hui 40% des ventes d’insecticides, et leur chiffre d’affaires annuel se monte à 2,63 milliards de dollars (2,11 milliards d’euros) à l’échelle mondiale. Dure aussi en raison des arguments avancés par les scientifiques. Ils estiment avoir assez d’éléments pour conclure que les affirmations des industriels sur l’innocuité de leurs produits pour les espèces non ciblées étaient fausses. Et plus encore. D’une part que les conséquences néfastes des néonicotinoïdes, directes et indirectes, sur les fau