Bernard Bigot va t-il sauver Iter, le réacteur thermonucléaire expérimental international ? C’est la mission, la dernière de sa vie professionnelle probablement, qu’il vient d’accepter. Rude mission pour ce moine-soldat de la recherche française, de conviction gaulliste affichée. Administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) depuis 2009, son mandat se termine début janvier 2015. L’occasion pour François Hollande et Manuel Valls de boucler la valse qui a vu tous les acteurs du nucléaire français changer de tête en quelques semaines. La semaine dernière, le conseil d’Iter lui a proposé de succéder au Japonais Osamu Motojima comme directeur général. Il a accepté… sous conditions.
Ce projet en construction à Cadarache, près d’Aix-en-Provence, destiné à prouver la faisabilité scientifique de la fusion thermonucléaire contrôlée, navigue en effet entre retards de livraison, difficultés techniques et explosion du budget. Au point que ses opposants traditionnels - militants écologistes refusant toute technologie nucléaire ou scientifiques inquiets de voir leurs crédits confisqués pour d’autres sciences - se réjouissent à l’avance d’un éventuel coup de Trafalgar, technique, politique ou diplomatique conduisant à son arrêt.
Iter cumule en effet tous les défis. Le pari technique est énorme. Il suppose de maîtriser un plasma - un gaz très agité où électrons et noyaux des atomes ne sont plus liés - porté à 150 millions de degrés pour y déclen