Il est aisé de prévoir que l'une des questions majeures du XXIe siècle sera la capacité des sociétés à utiliser les technosciences et leurs produits. Tant pour produire leurs conditions de vie que pour en éviter les risques. C'est ce que cet ouvrage collectif nomme «gouverner le progrès et ses dégâts».
Pourtant, nulle recette dans ce livre collectif dont les auteurs (1) abordent divers cas, du climat aux substances chimiques dangereuses, de la santé publique à l'agriculture. Logique, puisqu'il est dirigé par un historien, Dominique Pestre. Lequel, profession oblige, propose donc le «détour par l'histoire» pour alimenter une réflexion susceptible de nous aider à gérer le présent et à préparer l'avenir.
Ce détour est borné chronologiquement, «depuis 1945», annonce l'ouvrage, sans préciser l'autre borne, mais elle va jusqu'à nos jours. Son objet n'est pas le seul gouvernement au sens du pouvoir d'Etat mais celui de toutes les «autorités : politiques, légales, administratives, scolaires, familiales, économiques, techniques, scientifiques ou religieuses», précise Pestre. Les cas étudiés indiquent la difficulté avec laquelle les sociétés affrontent les «dégâts» du progrès. Ainsi, Nathalie Jas note que, trente ans après s'être fixé l'objectif de faire interdire 12 pesticides particulièrement toxiques, le Pesticides Action Netword ne l'a toujours pas atteint. Amy Dahan et Stefan Aykut explorent ce qu'ils nomment un «