Michel Laurent, président de l’Institut de recherche pour le développement par intérim, fait valoir son droit de réponse après la publication d’un article dans nos pages le 16 janvier :
«Suite à la parution dans le journal Libération, en date du 16 janvier 2015, de l'article intitulé "L'abandon larvé de l'IRD", rédigé par monsieur Sylvestre Huet, dans lequel l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et moi-même sommes nommés, je souhaite exercer, en ma qualité de président par intérim dudit Institut, en mon nom et au nom de l'Institut que je représente, un droit de réponse, conformément aux dispositions de l'article 13 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.
«L’article remet en cause les acquis de mon mandat. Il n’est pas le lieu ici d’argumenter ou de polémiquer sur cela. Je ne peux en revanche laisser affirmer que l’IRD, déstructuré et affaibli, aurait perdu sa raison d’être.
«Faits et chiffres offrent un éclairage bien différent.
«Au cours de ces dernières années, pour être en phase avec les attentes de ses partenaires, l’IRD a modernisé son dispositif de recherche, de formation et d’innovation par le déploiement au Sud d’outils structurants. Témoins - entre autres - de cet engagement : 30 unités ou laboratoires mixtes internationaux, une dizaine d’observatoires de l’environnement, 134 dispositifs de renforcement des compétences destinés à des chercheurs ou équipes scientifiques du Sud. Loin de se limiter à quelques isolats, ces structures, pour la plupart à gouvernance partagée Nord-Sud, ont été mises en place dans 42 pays - PMA ou émergents - en Afrique subsaharienne, en Méditerranée, en Amérique latine ou en Asie du Sud-Est. Autant de régions où, en dépit des lourdes contraintes liées à la crise économique, à l’instabilité politique ou à la montée des fondamentalismes, l’IRD a maintenu sa présence et même ouvert de nouveaux chantiers de recherche comme en Côte-d’Ivoire ou en Haïti.
«Ces dernières années n’ont donc pas miné la raison d’être de l’IRD. Elles ont permis, au contraire, que s’affirment de nouvelles modalités de partenariat fondées sur une exigence de nos institutions partenaires, celle d’une recherche co-construite, co-pilotée et co-évaluée. En rupture avec la notion de "transfert" Nord-Sud des connaissances, devenue obsolète, cette exigence répond à des aspirations légitimes de relations équilibrées et équitables fondées sur des engagements réciproques. Co-construire avec nos partenaires une recherche ambitieuse est désormais un principe d’action de l’IRD. C’est ainsi que 58 institutions du Sud ont signé, à l’initiative de l’Institut, la Charte du partenariat de la recherche pour le développement, qui promeut auprès de l’ensemble de la communauté scientifique ces principes d’équilibre, d’équité et de respect de l’autre. D’ailleurs, comme elles l’ont signifié à plusieurs reprises, ces institutions nous sont reconnaissantes de ces évolutions.
«Je ne peux non plus laisser écrire que les récentes mutations de l’enseignement supérieur et de la recherche en France, facteur de synergie entre organismes de recherche et universités, ont été synonymes d’étiolement pour l’IRD. C’est l’inverse ! S’inscrivant dans une forte dynamique, sa production scientifique n’a cessé de croître : avec 2 225 articles (1), les publications de ses chercheurs dans des revues internationales ont triplé en dix ans ; leurs co-publications avec les pays du Sud ont, elles, doublé. Si, aujourd’hui, il reste beaucoup à faire, la recherche pour le développement, mieux insérée dans le paysage français et européen de la recherche et de l’enseignement supérieur, a gagné en force et visibilité.»
(1) Web of Science, 2013.