La «collapsologie» sera-t-elle à la gauche ce que le déclinisme est à la droite ? On connaît bien la thèse de la «décadence» morale diffusée par des penseurs et polémistes conservateurs. On connaît moins la collapsologie, «science de l'effondrement de la civilisation industrielle», qu'introduisent - avec une «certaine dérision», préviennent-ils - les deux auteurs du livre Comment tout peut s'effondrer : petit manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes (Seuil).
Ce mot, «collapsologie», les deux jeunes auteurs l'ont inventé. «On avait pensé à "effondrementisme", mais c'est moche et le "isme" fait trop politique, raconte Pablo Servigne, docteur en biologie. Nous nous sommes dit qu'il faudrait créer une nouvelle science, celle de l'effondrement.» Une science qui permette de se préparer à la chute irréversible de notre société qui arrivera, parient-ils, bien plus tôt qu'on ne le dit souvent : les générations présentes pourraient en être les témoins. La collapsologie mêle psychologie cognitive (mais pourquoi les gens n'y croient pas ?), économie (qu'est-ce qu'un taux de retour énergétique ?), biologie, etc. Quand le grand effondrement arrivera-t-il ? Le Petit Manuel de collapsologie présente les systèmes (tout à fait sérieux) que des chercheurs ont mis en place pour repérer le moment où la «résilience» d'un système diminue : le critical slowing down.
L'ancien député Yves Cochet, président de l'Institut Momentum, signe la postface du livre : «Jamais il n'est question de notre disparition à court terme en tant que civilisation. Pourtant, jamais nous n'avons eu autant d'indications sur la possibilité d'un effondrement global imminent. […] La collapsologie est une école de responsabilité.»
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