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Libération

La canicule est-elle vraiment exceptionnelle ?

publié le 1er juillet 2015 à 20h06

La grande chaleur qui règne actuellement sur la France va-t-elle se transformer en épisode caniculaire comparable à celui de 2003 ? Possible. Mais pas certain, comme toute prévision météo à plus de dix jours.

Mercredi il a fait 39,7°C à Paris. Record de 2003 battu. Ce jeudi, quelques orages vont atténuer l’ardeur du soleil. Toutefois de l’air très chaud et sec venu d’Espagne fera repartir les thermomètres à la hausse dès vendredi. Mais il faudrait que la situation météo se bloque, avec un anticyclone calé sur l’Hexagone, pour provoquer un épisode aussi long et violent qu’en 2003.

Les statistiques de Météo France montrent le caractère exceptionnel de l’épisode d’il y a douze ans. Néanmoins, en remontant dans l’histoire, on constate que les canicules ne sont pas rarissimes depuis 1947. On en a connu en 2013, 2012, 2006, 2005, 2003, 1998, 1995, 1994, 1992, 1990, 1989, 1983, 1976, 1975, 1964, 1957 et 1947.

Cette liste d’épisodes caniculaires, avec une accumulation dans les années récentes, met la puce à l’oreille. La tendance au réchauffement climatique, dû à l’intensification de l’effet de serre planétaire, du fait de l’émission notamment de dioxyde de carbone, est confirmée par l’étude des températures estivales.

Logique, puisqu’un épisode caniculaire impacte fortement la moyenne de l’été. Mais si l’on regarde plus en détail, entre 1900 et 1989, on ne compte que huit années où la température moyenne de l’été est supérieure à la moyenne climatologique calculée sur la période 1981-2010. En revanche quinze années sont au-dessus de cette moyenne entre 1990 et 2014, soit plus d’une année sur deux. Ainsi, s’il est impossible d’affirmer sans précaution que la canicule de 2003 est le résultat direct du réchauffement climatique - une canicule résultant d’un blocage d’une situation atmosphérique -, en revanche la multiplication des étés très chauds en est clairement la conséquence.

Et pour le futur ? Dans un article paru dans Nature Climate Change en avril, deux chercheurs estiment que 75 % des vagues de chaleur extrême actuelles sont déjà dues au réchauffement. Sur une Terre plus chaude de 3°C, la presque totalité des vagues de chaleur résulteront de notre manipulation du climat.