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Pluton prend du relief

La sonde de la Nasa lancée en 2006 a transmis mercredi une première photo de la surface de l’astre. Qui se révèle géologiquement actif et montagneux.
13 juillet 2015 : La sonde n’est qu’à 768 000 km de Pluton. Le détail des reliefs apparaît. La grande surface lisse est surnommée le «coeur». (Photo NASA/Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory/Southwest Research Institute)
publié le 16 juillet 2015 à 19h06

La surface de Pluton enfin. Notre connaissance de la planète naine vient de faire un pas de géant, avec le survol de la sonde américaine New Horizons, le 14 juillet, qui nous a mis sous le nez des pics montagneux glacés, là où on n’avait jamais vu que de vagues taches orangées. A raison de 2 kilobits par seconde, il a fallu quarante-cinq minutes pour télécharger cette photo en (presque) haute définition, sans compter un délai de quatre heures et demie pour parcourir à la vitesse de la lumière les 4,78 milliards de kilomètres qui séparent Pluton de la Terre.

A cette distance, pas étonnant qu’on n’ait pas été fichu de distinguer quoi que ce soit durant un siècle. A sa découverte en 1930, la planète naine ressemblait à une étoile, sauf qu’elle bougeait dans le ciel. Il a fallu attendre 1978 pour qu’on remarque, sur un portrait, une excroissance qui s’avérera être sa lune, Charon. Le système plutonien est trop loin ; nos meilleurs télescopes s’y arrachent les yeux. Après Hydre, Nix et Kerbéros, le dernier caillou orbitant autour de Pluton, Styx, nous est apparu en 2012 grâce aux plus récentes techniques d’optique adaptative (corrigeant la déformation des ondes lumineuses dans l’espace). Il était grand temps d’envoyer une sonde sur place pour y voir plus net.

Aujourd'hui, on dispose d'une photo couleur de Charon (jolie), d'une vue pixelisée d'Hydre (rigolote), mais surtout d'un zoom de la mort sur une zone escarpée de 300 kilomètres de large. Les pics sont hauts de 3 500 mètres, âgés de moins de 100 millions d'années et sans doute composés de glace d'eau. C'est «une des surfaces les plus jeunes qu'on ait observées dans le système solaire», souligne Jeff Moore, géologue de l'équipe New Horizons. Un formidable terrain d'étude et de rêve gelé.

21 février 1994 : Le télescope spatial Hubble fait son maximum pour tirer le portrait de Pluton.

De 2002 à 2003 : Des photos de Hubble permettent d'établir par ordinateur une première carte de la planète.

15 février 2006 : Mais qui voilà ? Sur cette vue de Hubble, au-delà de Pluton et de Charon, se détachent deux petits satellites tout juste découverts : Hydre et Nix.

9 avril 2015 : Après neuf ans de voyage, New Horizons arrive enfin à distinguer la planète de sa lune Charon, à une distance de 115 millions de kilomètres. On découvre la vraie couleur de Pluton.

11 juillet 2015 : Ça se précise. A trois jours du survol, New Horizons fait voir des formes à la surface de Pluton ressemblant à des falaises et des cratères d'impacts. C'est sûr, il y a une activité géologique.

13 juillet 2015 : La sonde n'est qu'à 768 000 km de Pluton. Le détail des reliefs apparaît. La grande surface lisse est surnommée le «coeur».

14 juillet 2015 : La première photo du survol de la surface, près de l'équateur, révèle une surprise de taille : une chaîne de montagnes de glace culminant à 3 500 mètres d'altitude.

La Nasa en a fait un gif animé :