Menu
Libération
Sciences

«Breakthrough Listen» : Stephen Hawking à l'écoute des extraterrestres

L'astrophysicien a présenté un ambitieux programme scientifique d'écoute de l'espace dans l'espoir d'y déceler un signal de vie intelligente.
Stephen Hawking a présenté l'initiative Breakthrough Listen, le 20 juillet 2015 à Londres. (Photo Neil Hall / Reuters)
publié le 20 juillet 2015 à 19h19

Le climat de Pluton, l'existence de la matière noire, la théorie des cordes, l'âge de l'univers… C'est bien joli, tout ça. Mais Stephen Hawking aimerait qu'on se concentre une minute et qu'on revienne aux fondamentaux : les extraterrestres. «Il n'y a pas de question plus importante que celle de la vie au-delà de la Terre, a annoncé l'astrophysicien ce lundi matin, lors d'une conférence à la Royal Society Science Academy de Londres. Il est temps de s'engager à trouver la réponse. Nous sommes vivants, nous sommes intelligents, nous devons savoir.»

Pour répondre à cet objectif pour le moins ambitieux, il a annoncé le lancement d’un programme scientifique nommé «Breakthrough Initiative» et décliné en deux volets : «Listen» permettra d'«écouter» l’univers à la recherche d’un signe de vie intelligente, tandis que «Message» vise à envoyer nos propres signaux de vie à travers l’espace.

Breakthrough Listen reprend donc le principe du programme SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence), lancé par la Nasa dans les années 1970 pour repérer des ondes d'origine artificielle dans le bruit aléatoire de l'espace. Le financement de SETI a toujours été sujet à polémique. Celui de Breakthrough Listen sera entièrement privé : c'est Youri Milner, ancien chercheur en physique et entrepreneur russe à la tête d'une fortune à 3,2 milliards de dollars, qui fournira les 100 millions de dollars nécessaires au fonctionnement du projet pendant dix ans.

«En un jour, Breakthrough Listen collectera plus de données qu'en un an avec les méthodes précédentes», juge Geoff Marcy, grand découvreur de planètes extrasolaires. Selon le chercheur Andrew Siemion, qui était aussi présent à la conférence, SETI permet aujourd'hui de scanner et analyser 800 000 longueurs d'ondes différentes. Breakthrough pourra en écouter 10 milliards, et avec une sensibilité 50 fois supérieure. Comme le dit Marcy, «nous ne savons pas dans quelle fréquence une éventuelle civilisation extraterrestre émet. Il faut donc scanner le maximum de longueur d'ondes.»

Pour commencer, le programme mobilisera pour cela le radiotélescope Green Bank et son antenne de 100 mètres de diamètre aux Etats-Unis, et celui de 64 mètres dans l'observatoire Parkes en Australie. Il s'agira ensuite de développer des logiciels capables d'analyser les données reçues – jusqu'à 10 gigaoctets par seconde. A ce rythme, impossible de les stocker : il faudra les étudier en temps réel dès leur collecte par le télescope. Les données seront publiques, et les internautes seront invités à participer à leur analyse (comme le propose le site SETI@Home).

«Il y a trois moyens de trouver une vie extraterrestre»

De nombreux astronomes s'emploient déjà à chercher une vie extraterrestre en pistant les conditions d'«habitabilité» sur nos planètes voisines (comme le fait le robot Curiosity sur Mars) ou des mondes lointains (via la recherche d'exoplanètes). Douglas Vakoch, directeur des recherches sur la composition des messages interstellaires au SETI Institute, expliquait récemment qu'«il y a trois moyens par lesquels nous pouvons trouver une vie extraterrestre dans les 20 prochaines années. Comme nous explorons les planètes et les lunes de notre propre système solaire, nous pouvons trouver des preuves d'une vie microbienne proche de chez nous. Dans le même temps, notre capacité à détecter les atmosphères de planètes en orbite autour d'autres étoiles augmente, nous pouvons découvrir des traces de vie sur ces mondes lointains. Et comme nous utilisons des radiotélescopes pour trouver des signaux émis par des civilisations avancées, nous pouvons découvrir les traces de technologies extraterrestres.»

Et parmi ces trois approches, seul un programme comme le SETI ou Breakthrough Listen «a la capacité de faire une découverte aussi tôt que la nuit prochaine». Gerry Harp, le directeur du centre de recherches SETI, estime à 50% nos chances de découvrir une forme de vie dans les trente prochaines années.