Menu
Libération
Décollage

Thomas Pesquet et la mission Proxima en orbite

Le dixième astronaute français a décollé ce jeudi soir de Baïkonour, pour un séjour de six mois dans la station spatiale internationale.
La fusée Soyuz FG qui emmènera l'«expédition 50» vers la station spatiale internationale, photographiée le 14 novembre 2016. (Photo Manuel Pédoussaut. ESA)
publié le 17 novembre 2016 à 17h47
(mis à jour le 17 novembre 2016 à 23h52)

21h35 : Peggy Whitson, Oleg Novitski et Thomas Pesquet sont désormais en orbite, autour de 28800 km/h. Ils vont progressivement caler leur trajectoire sur celle de l’ISS jusqu’à l’amarrage, samedi soir vers 23h.

21h31 : A la séparation du 3e et dernier étage, les astronautes ressentent une secousse et la poussée de l'accélération cesse brutalement. Ils sont en apensateur.

21h28 : Les étages de Soyouz se sont détachés un à un au fur et à mesure que les réservoirs de carburant se sont vidés. La frontière de l'espace (100 kilomètres environ) a été franchie, et les 3 astronautes ont fait un coucou à tous les internautes qui les regardent en direct :

21h21 : C'est parti ! Aucun haut-parleur ne diffuse de compte à rebours à Baïkonour, c'est une habitude occidentale. Les moteurs s'allument, la fusée décolle, et tout se passe bien.

21h11 : Plus que 10 minutes ! Les astronautes ont fermé leur visière et mis leurs gants. S'il y a un problème pendant le décollage, une mini-fusée détache la capsule des étages inférieurs de Soyouz pour écarter les astronautes du danger.

21h : Les astronautes accrochent toujours à un fil, dans la capsule Soyouz, un objet pour voir à quel instant ils ont quitté l'attraction terrestre. Pour Novitski, Whitson et Pesquet, c'est une mini-poupée à leur effigie ! Quand elle flottera, ils sauront qu'ils sont en apesanteur (mais toujours bien attachés par leur ceinture).

20h50 : H - 30 minutes.

20h40 : Les échafaudages s'écartent de la fusée Soyouz.

20h30 : Les live vidéos ont tous commencé. Il y a celui de la Nasa, en anglais, celui de Roscosmos avec de la pop russe du meilleur goût en fond musical, et celui du Cnes, à la bande-son un peu grandiloquente, qui aura l'avantage de parler français :

20h21 : H - 60 minutes. Les réservoirs de la fusée sont désormais remplis. Les astronautes sont assis sur 274 tonnes de carburant...

19h30 : L'équipe est installée dans la capsule Soyouz. Oleg Novitski est à la place du commandant au milieu, et Thomas Pesquet, à sa gauche, est copilote. D'après l'Esa, ils écoutent de la musique pour patienter jusqu'à l'heure du décollage pendant que la fusée est remplie de carburant, vérifiée et revérifiée. Novitski doit utiliser une baguette pour atteindre les boutons de commande...

18h50 : Derniers signes de la main avant de monter dans l'ascenseur de la fusée...

18h30 : Les astronautes montent dans le minibus qui les emmène jusqu'au pied de la fusée – il y en a pour 20 bonnes minutes, c'est grand une base de lancement... Ce soir, l'Américain et les Russes déjà présents dans l'ISS finiront leur journée de travail 30 minutes avant le décollage de l'expédition 50 : ils pourront suivre les événements en direct via leur internet spatial.

18h : C'est l'heure des derniers adieux avec la famille. Pour être beaux en ce grand jour, nos astronautes ont eu droit ce matin à une dernière coupe de cheveux terrestre. Quand ils seront dans la station, ils devront se couper les cheveux l'un l'autre. Les shampooings sont faits avec une minuscule pochette d'eau, qu'ils s'appliquent sur le crâne à la paille. Quant à la douche, il y a deux méthodes, avec une serviette mouillée ou avec la pochette d'eau (c'est plus agréable mais plus long, expliquait l'Italienne Samantha Cristoforetti).

17h30 : Le voyage durera deux jours ; c'est la version longue. Une fois la fusée dans l'espace (la frontière se situe vers 100 kilomètres d'altitude), elle commence à tourner autour de la Terre et doit se caler sur la même orbite que la station spatiale. C'est comme si deux passagers dans deux voitures voulaient s'attraper la main depuis leur fenêtre ouverte : les véhicules doivent rouler l'un à côté de l'autre à la même vitesse pour que l'accroche puisse se faire. La capsule Soyouz bouclera 34 tours de Terre avant l'amarrage, samedi à 23 heures.

17h : Whitson, Pesquet et Novitski enfilent leur tenue de cosmonautes. La «Sokol» – celle, de conception russe, que l'on porte depuis 1973 pour monter dans la capsule Soyouz. Elle protège les astronautes en cas de dépressurisation pendant le voyage, mais n'est pas conçue pour sortir dans le vide depuis l'ISS, lors des activités extra-véhiculaires. On enfile pour cela les EMU américaines (Extravehicular Mobility Unit) qui fournissent oxygène, eau à boire, régulation de la température, télécommunications...

Peggy, Oleg et Thomas légèrement engoncés dans leurs combinaisons Sokol, le 25 octobre 2016 dans le centre d’entraînement de la Cité des étoiles, près de Moscou. (Photo Bill Ingalls. Nasa)

16h30 : Les trois astronautes montent dans le bus pour se rendre au cosmodrome de Baïkonour. Ils sont en contact presque direct avec la foule en délire, après deux semaines de quarantaine. Ces derniers jours, les conférences de presse et rencontres avec leurs proches se faisaient derrière une vitre. Il ne faudrait pas que l'un d'eux chope une grippe juste avant le décollage... même si chaque équipe d'astronautes est toujours secondée par une équipe de doublure, aussi bien entraînée et prête à les remplacer en cas de pépin.

(Photo Manuel Pedoussaut. ESA)

A sept heures d'un décollage en fusée vers la station spatiale internationale (ISS), il y a toujours des priorités dans l'emploi du temps. Du genre… tweeter sa playlist de «Chansons pour l'espace» pour bien chauffer le public. Y a pas à dire : Thomas Pesquet maîtrise son job d'astronaute du XXIe siècle.

A 21h20 ce soir, heure française, le Normand quittera le plancher des vaches depuis la base russe de Baïkonour (Kasakhstan), dans une minuscule capsule (il paraît qu'il n'y a pas plus inconfortable) perchée au sommet d'une fusée Soyouz. L'événement est retransmis en direct sur Youtube, et commenté par le Cnes, l'agence spatiale française, à partir de 20h30.

Le voyage vers l'ISS sera assez long, puisqu'il durera deux jours (on peut faire beaucoup plus court mais cette nouvelle version du Soyouz n'est pas encore prête) : l'arrivée du vaisseau est prévue pour samedi en fin de soirée. Après les manœuvres d'amarrage (il faut compter plusieurs demi-heures), le sas sera ouvert, et l'équipe de l'«Expédition 50» qui s'entraîne depuis deux ans et demi se glissera enfin dans la station spatiale pour un séjour de six mois.

Ça ne sera pas de trop : chaque astronaute doit réaliser une centaine d’expériences médicales, physiques… voire artistiques – Pesquet doit réaliser une performance en apesanteur, en se filmant flotter avec trois lettres géantes qui forment le mot «moi» (une idée de l’artiste Eduardo Kac).

Trois astronautes, trois pays

L’équipe est composée de trois voyageurs de l’espace, et représente autant de nationalités différentes.

L'Américaine Peggy Whitson est la vétérane : c'est son troisième vol vers l'ISS et elle y reste à chaque fois plusieurs mois, ce qui a fait d'elle la recordwoman mondiale du temps passé dans l'espace, avec un total de 376 jours, 17 heures et 22 minutes. Et dire qu'elle va encore l'augmenter de six mois…

Le Russe Oleg Novitski n'a déjà visité la station qu'une seule fois, en 2012.

Le Français Thomas Pesquet est le débutant de la bande : il incarne la nouvelle génération d'astronautes de l'Agence spatiale européenne (ESA), dont la réserve de recrues commençait à s'amenuiser dans les années 2000 avec les départs en retraite successifs. En 2008, une vague de recrutement a donc été organisée, et 6 nouveaux astronautes ont été sélectionnés parmi des milliers de dossiers. Un Allemand, un Français, un Italien et une Italienne, un Britannique, un Danois. Depuis, tous ont déjà fait un tour dans la station spatiale. Thomas Pesquet est le dernier à décoller. Lire son portrait ici.

Il est aussi le dixième astronaute hexagonal de l’histoire, et perpétue la tradition en nommant sa mission Proxima, comme une étoile (Proxima du Centaure, la plus proche de notre Soleil). Il y a aussi ce «X» au milieu du mot, qui évoque le chiffre romain «dix». Et puis, l’idée de proximité va si bien à notre spationaute attaché à la médiation scientifique, au partage avec le grand public…