En matière de santé mentale, il existe peu d'options entre les «hotlines» consacrées à la prévention du suicide et la psychothérapie. C'est en tout cas le constat émis par une cinéaste de Brooklyn, Elyse Fox, 27 ans. Dépressive de longue date, elle a fondé le «Sad Girls Club», un réseau de soutien pour ados qui s'inspire d'un «meme» – une image virale – sur Internet : celui de la fille triste, adopté par la cinéaste sur son Tumblr et aujourd'hui sur son compte Instagram. Ce dernier est un espace de discussion qui dispense des conseils, recommande des huiles essentielles, des méthodes naturelles ou des postures de yoga pour lutter efficacement contre l'anxiété chronique.
Elle témoigne auprès du site Broadly : «Je suis d'origine caribéenne. La santé mentale n'était pas un sujet abordé dans mon entourage. J'ai été diagnostiquée comme souffrant de dépression mais en famille nous n'en parlions jamais.» En effet, la maladie mentale n'est pas toujours évoquée de la même manière selon les communautés : d'ailleurs, si l'on en croit un stéréotype répandu, les femmes noires auraient toujours le sourire et ne seraient jamais déprimées. «Je veux que d'autres filles sachent qu'il est normal de vivre une dépression. Vous n'êtes pas seules», explique-t-elle.
Après une année difficile et une relation amoureuse abusive, Elyse Fox a réalisé et mis en ligne un film, A Conversation with Friends, sur son expérience, son hospitalisation et sa tentative de suicide. On y entend en voix off : «Parfois je me regarde dans le miroir et je me demande pourquoi je ne vois pas ce que tout le monde voit. C'est une affaire de perception.» Après la diffusion du film, des adolescentes du monde entier ont contacté la cinéaste, à la recherche de conseils. Celle-ci a alors décidé de fonder le Sad Girls Club, en mettant des informations à disposition et en organisant un groupe de soutien avec la collaboration d'une thérapeute, Shira Birstein, dans l'espace de coworking non-mixte The Wing à Manhattan. La première session a été diffusée en ligne sur le site LGBT Art Hoe Collective. Les questions ont été nombreuses : «La marijuana peut-elle aider ? Et les trips sous acide ?» Prochaine étape pour ce club atypique : une soirée slam et poésie.