Ce dimanche, 16 personnes sont mortes et au moins 200 autres ont été blessées à cause du tremblement de terre qui a eu lieu sur l'île de Lombok, en Indonésie. Le séisme, d'une magnitude de 6,4, et ses nombreuses répliques ont provoqué des glissements de terrain sur les pentes du mont Rinjani. La plupart des sentiers de ce volcan très prisé des touristes ont donc été bloqués et rendus impossibles d'accès pour les secours. Conséquence, 560 personnes étaient coincées sur les différents versants de la montagne dans la nuit de dimanche à lundi.
Quelle était la question ?
Lors de séismes, les glissements de terrain sont le troisième facteur le plus meurtrier (derrière les écroulements d'immeuble et les tsunamis) et provoquent souvent des situations de panique extrême pour les victimes. Une équipe de chercheurs a tenté de développer un modèle permettant de prédire les potentielles zones de glissement de terrain lors d'un séisme. Leurs résultats sont publiés dans la revue Journal of Geophysical Research.
Comment les chercheurs ont-ils procédé ?
Les chercheurs ont étudié les données collectées lors de 23 tremblements de terre ayant chacun provoqué des glissements de terrain. «Souvent, il faut que la magnitude soit d'au moins 6 ou 6,5 pour qu'il y ait éboulement», précise Jean-Philippe Malet, directeur de recherche au CNRS et affilié à l'Ecole et observatoire des sciences de la terre à Strasbourg, qui n'a pas participé à l'étude. Pour chaque séisme, ils ont essayé d'établir une liste de paramètres caractéristiques des zones de glissements. Ainsi, lors d'un prochain tremblement, il suffirait d'évaluer ces paramètres pour une zone donnée et les chercheurs pourraient alors prédire s'il y aura, par exemple, éboulement ou coulée de boue à cet endroit.
Qu’ont-ils découvert et à quoi ça sert ?
Cinq paramètres doivent être évalués pour prédire une zone de glissement : l’ampleur des secousses, l’inclinaison du sol, le type de roches affectées, l’humidité du sol, et la classe d’occupation du sol, c’est-à-dire de quoi il est recouvert (herbe, terre, roche etc.). Lors d’un séisme, le premier paramètre peut être obtenu facilement grâce aux différents services géologiques du globe. Il pourra ensuite être entré dans un logiciel informatique qui tiendrait compte des quatre autres paramètres et prédirait en quelques minutes dans quelles zones le danger est important. Les personnes concernées pourraient alors être évacuées avant d’être prises au piège.
Jean-Philippe Malet déplore l'aspect purement statistique du modèle : «Ce sont des observations et des analyses d'anciens séismes qui leur donne ces cinq paramètres et leur modèle. Ce dernier est fondé sur l'expérience et non sur la compréhension du phénomène physique sous-jacent.» Le chercheur salue cependant un travail robuste et surtout utile.
En 2012, une étude publiée dans la revue Geology révélait que les glissements de terrain avaient fait plus de 32 000 morts entre 2004 et 2010, soit dix fois plus que ce qui avait été estimé jusque-là.