Les actualités scientifiques qui ont retenu notre attention cette semaine.
Les «amants de Modène» étaient deux hommes
L'archéologie, quand les techniques d'analyse s'affinent, peut dévoiler quelques surprises – et briser des préjugés. C'est le cas cette semaine encore avec la publication dans Scientific reports, une revue du groupe Nature, d'une étude sur les «amants de Modène», deux squelettes vieux d'environ 1 600 ans exhumés en 2009 par des archéologues italiens de leur tombeau commun. En raison du mauvais état de conservation des restes humains, que ce soit le matériel ostéologique ou génétique, les chercheurs avaient en effet établi – sans pouvoir identifier leur sexe – que les deux corps déposés dans leur tombe main dans la main à la toute fin de l'Antiquité romaine étaient ceux d'un homme et une femme. Des «amants» donc.
Les «amants de Modène», vieux d’environ 1 600 ans et exhumés en 2009. Photo université de Bologne
Dix ans plus tard, grâce à l'analyse de la composition en protéines de l'émail de leurs dents, des chercheurs de l'université de Bologne se sont rendu compte qu'il s'agissait en réalité de deux squelettes d'hommes. «Il n'y a actuellement aucun autre exemple [archéologique] de ce type», a d'emblée soulevé auprès de la télévision publique italienne le scientifique bolonais Federico Lugli, l'un des coauteurs de l'article. «Nous pensons que ce choix symbolise une relation particulière entre les deux individus, mais nous ne savons pas de quel type», poursuit-il sans écarter totalement la piste amoureuse. «Les deux individus ont des âges similaires, il pourrait s'agir de parents, par exemple de frères ou de cousins. Ou des soldats morts ensemble au combat : la nécropole dans laquelle ils ont été retrouvés pourrait être un cimetière de guerre.» Le «mystère» reste néanmoins entier.
Les empreintes normandes de Néandertal
Encore aujourd'hui, les Néandertaliens, nos plus proches cousins disparus il y a 35 000 ans, restent en grande partie des inconnus pour les scientifiques. On connaît leur ADN, leur morphologie, leur régime alimentaire et certaines de leurs pratiques sociales et culturelles mais leur mode de vie, dont on trouve peu de traces dans les restes fossiles, est relativement méconnu. Combien d'individus cohabitaient par exemple au sein d'un même groupe ? Etaient-ils nombreux ou vivaient-ils en clan restreint ? En outre, quelle était la composition de ces communautés néandertaliennes ?
La découverte en Normandie de 257 empreintes vieilles de 80 000 ans et décrite cette semaine dans les comptes rendus de l'Académie américaine des sciences pourrait en partie combler ce vide. En effet, une équipe d'archéologues français, dirigée par Dominique Cliquet, ont exhumé depuis 2012 des centaines de traces de pieds laissées à l'époque dans un sol boueux, à deux kilomètres des côtes, sur un site découvert dans les années 60 sous les falaises menacées par l'érosion du Rozel (Manche).
Une trace de pas d’un Néandertalien sur le site du Rozel, en France. Photo Dominique Cliquet. AFP
Ces empreintes, analysées sous toutes les coutures, suggèrent qu'un petit groupe de 10 à 13 personnes, dont une majorité d'enfants et d'adolescents, a occupé ce site le temps d'une saison. De ce qu'on en sait, les individus mesuraient de 66 à 189 centimètres. Cependant, la zone piétinée ne permet pas d'affirmer que le groupe était au grand complet. «Les empreintes ont un intérêt, qui est également leur défaut : elles représentent une sorte d'instantané de la vie d'individus sur des périodes très brèves, explique Jérémy Duveau, doctorant en paléoanthropologie au Muséum national d'histoire naturelle et coauteur de l'étude. Cela nous permet d'avoir une idée de la composition du groupe, mais il est possible qu'elles représentent le groupe quand certains individus étaient à l'extérieur.» Jusque-là, seules neuf empreintes avaient été attribuées à Néandertal, en Grèce, en Roumanie, à Gibraltar et en France.
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