Incident chez SpaceX : le prototype Starship explose
Oups. Le Starship, joyau des fusées SpaceX, a explosé mercredi. Ce prototype de fusée interplanétaire était en phase de tests sur la base de lancement de Boca Chica, sur la côte au sud du Texas. Selon le planning initialement prévu, Starship devait effectuer son premier vol d'essai à 20 kilomètres d'altitude avant la fin de l'année, et un autre exemplaire devait s'éléver dans l'espace quelques mois plus tard. L'objectif à terme est de concevoir un vaisseau spatial 100% réutilisable, qui pourrait atterrir et redécoller à volonté sur Terre, sur la Lune ou sur Mars (pour commencer).
Test à 150m du Starhopper, fin août.
Un premier prototype nommé «Starhopper» a fait des bonds de puce cette année : ce réservoir trappu à trois pattes a décollé de 1 mètre en avril, puis de 20 mètres en juillet et enfin de 150 mètres en août, réatterrissant sans dommage à chaque fois. L'étape suivante a été enclenchée à la rentrée : Starhopper est devenu «Starship», au design plus proche d'une navette spatiale américaine avec ses grands ailerons, et conçu pour voler à haute altitude. Mercredi, Starship Mk1 subissait un test de pression dans ses réservoirs, quand il a partiellement explosé. SpaceX va désormais se consacrer à construire son modèle Starship Mk3, plus évolué.
Explosion de Starship Mk1, le 20 novembre.
Des jets de vapeur sur Europe
On connaît bien les geysers d'Encelade, la lune glacée de Saturne, qui dégage depuis son pôle sud des cristaux de glace et arrive même à enneiger ses deux lunes voisines, Mimas et Téthys. Ils ont été photographiés à de nombreuses reprises par la sonde Cassini, et on commence à identifier leur composition chimique. Mais on soupçonne depuis longtemps qu'un autre satellite naturel – Europe, l'une des quatre grosses lunes de Jupiter – propulse des jets de matière dans l'espace… sans en avoir la preuve jusqu'à aujourd'hui.
L'étude parue cette semaine dans Nature Astronomy apparaît comme une confirmation : oui, Europe crache bien des jets d'eau. L'observatoire Keck d'Hawaii a observé la lumière émise par ce petit astre durant dix-sept jours, et «notre analyse dans les longueurs d'ondes infra-rouges montre des non-détections dans 16 jours sur 17. Mais au cours d'une journée (le 26 avril 2016), nous avons mesuré 2 095 tonnes (avecune margeur d'erreur de 658 tonnes) de vapeur d'eau sur Europe.» Les jets de vapeur, qui s'échappent d'un océan souterrain recouvert par une banquise, sont donc moins fréquents que prévu, mais ils existent bel et bien. La mission américaine Europa Clipper, qui devrait décoller d'ici 2025, ira vérifier cela sur place.
Starliner, décollage imminent pour un vaisseau trop cher
Un décollage historique se prépare au centre spatial Kennedy, en Floride : ce jeudi, la capsule Starliner a été transportée par chariot spécial jusqu'au pas de tir 41, pour y être installée au sommet d'une fusée Atlas V. Conçue pour transporter sept personnes, Starliner a été fabriquée par Boeing. C'est l'un des deux vaisseaux spatiaux choisis par la Nasa pour acheminer ses astronautes vers la station spatiale internationale (ISS), adès l'an prochain. Les Etats-Unis devraient ainsi retrouver leur indépendance vis-à-vis de la Russie. Car depuis l'arrêt de la navette spatiale américaine en 2011, les capsules Soyouz restent les seuls vaisseaux spatiaux capables de transporter un équipage vers l'ISS.
La capsule Starliner de Boeing transportée vers la fusée Atlas V, au sommet de laquelle elle sera testée mi-décembre. (Photo Boeing)
On a appris, la semaine dernière, qu'un voyage en Starliner coûtera 90 millions de dollars par astronaute… là où un siège de Soyouz coûte à la Nasa 81 millions de dollars, entraînement compris. Un rapport du Bureau de l'inspecteur général (OIG) de la Nasa reproche à l'agence spatiale d'avoir «surpayé» Boeing pour le développement de cette capsule. Starliner devrait décoller le 17 décembre pour son premier vol de test à vide. S'il réussit, un deuxième vol habité aura lieu dans quelques mois – l'équipage est déjà sélectionné.
Quant à l'autre capsule choisie par la Nasa pour faire la navette jusqu'à l'ISS, le «Crew Dragon» de SpaceX, elle a déjà réussi son vol à vide au mois de mars, et devrait bientôt tester un vol habité. Un vol en Crew Dragon, lui, ne devrait coûter que 55 millions de dollars par tête.
Une carte pour Titan
Deux ans après la fin de la mission Cassini, qui s'est étalée de 2004 à 2017, ses innombrables clichés et mesures continuent de nourrir notre connaissance du système saturnien. La sonde spatiale a notamment pris des photos de Titan, la plus grosse lune de Saturne, en lumière visible, mais aussi en infrarouges et au radar pour voir sous l'épaisse atmosphère. Ces images ont permis de dessiner la toute première carte géologique de Titan, que publie Nature cette semaine.
La première carte géologique de Titan est basée sur les photos, les images radar et infrarouges de la mission Cassini. (Image Nasa. JPL-Caltech. ASU)
On voit en bleu les lacs d'hydrocarbures, en turquoise les plaines (65% de la surface de Titan), en violet les dunes (17%), en jaune un relief appelé «hummock» avec de petites collines, et en rose ce que les scientifiques appellent les «labyrinthes» de Titan, des canyons creusés par l'érosion. «Malgré des différences dans les matériaux, températures et champs de gravité entre la Terre et Titan, de nombreuses caractéristiques de surface sont similaires entre les deux mondes et peuvent être interprétées comme le produit de mêmes processus géologiques», explique le communiqué de la Nasa.
Vues de Titan, au centre en prise de vue réelle et autour en infrarouge, grâce à la sonde Cassini. (Images NASA. JPL-Caltech. Univ Nantes. Univ Arizona)
Et aussi…
. Les satellites de SpaceX, lancés par grappes de soixante, laissent dans le ciel des traînées lumineuses qui gâchent des observations au télescope. La communauté scientifique craint que le projet menace l’avenir de l’astronomie terrestre.