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Libération
Envoyé spatial

La vie terrestre sucrée par les météorites et autres nouvelles du ciel

Cette semaine, du sucre a été trouvé dans deux vieilles météorites qui ont peut-être apporté les ingrédients de la vie sur Terre, Thomas Pesquet se voit attribuer une deuxième mission et l’Europe spatiale fête un budget record pour les cinq ans à venir.
Vue d'artiste de météorites percutant la Terre dans sa jeunesse. De tels impacts ont pu apporter de l'eau et d'autres molécules favorisant l'apparition de la vie. (Image NASA's Goddard Space Flight Center Conceptual Image Lab)
publié le 30 novembre 2019 à 16h02

Du sucre extraterrestre à l’origine de la vie ?

Les météorites ont-elles saupoudré sur Terre les ingrédients de la vie ? C'est une théorie qui reprend du poil de la bête, car on a trouvé des traces de sucres indispensables au métabolisme des êtres vivants dans deux vieilles météorites riches en carbone. On ne parle pas ici de sucre alimentaire, mais d'une forme simple de glucide, le ribose. Il est présent dans l'ARN (d'où son nom d'acide ribonucléique), une molécule très proche de l'ADN présente dans nos cellules, qui joue notamment le rôle de messager entre nos gènes et la production de protéines.

Comme l’ADN, l’ARN est composé de quatre types de bases azotées, dont l’ordre d’enchaînement détermine l’information que contiennent nos gènes, greffées sur une longue chaîne de phosphate et de ribose.

«D’autres briques importantes de la vie ont été trouvées précédemment dans des météorites, dont des acides aminés (composants des protéines) et des bases azotées (composants de l’ADN et l’ARN). Mais les sucres étaient une pièce manquante», explique le chercheur Yoshihiro Furukawa, principal signataire de l’étude parue dans la revue PNAS. Les chercheurs se félicitent qu’une «molécule aussi fragile que le ribose ait pu être détectée dans des matériaux si anciens», et s’autorisent à penser que ce «sucre extraterrestre peut avoir contribué à la formation d’ARN sur la Terre prébiotique», quand elle était généreusement bombardée de météorites dans sa prime jeunesse, et avoir «possiblement mené à l’apparition de la vie.»

Un deuxième décollage pour Thomas Pesquet

Depuis son premier séjour dans la station spatiale internationale (ISS) en 2017, le jeune astronaute français attendait de connaître sa nouvelle affectation à une mission spatiale… et elle est enfin arrivée ! Pesquet reprendra place à bord d’une fusée Soyouz fin 2021, a annoncé l’Agence spatiale européenne (ESA).

Les six astronautes européens de la promo 2009 ont tous déjà effectué un premier vol dans l'espace, et tous devraient y retourner au moins une fois, a promis le patron de l'ESA, Jan Wörner. L'Allemand Alexander Gerst a ouvert la deuxième rotation en 2018, suivi par l'Italien Luca Parmitano qui est dans l'espace en ce moment même. Thomas Pesquet sera donc le suivant.

Entre-temps, l’Europe a ajouté un septième astronaute à sa liste, repêché sur le tard – le scientifique allemand Matthias Maurer, qui suit son entraînement depuis début 2017. Il ne connaît pas encore sa date de décollage, mais pourrait suivre Thomas Pesquet de près dans l’ISS – il est prioritaire car il n’a jamais volé –, et même peut-être l’y croiser brièvement. C’est en tout cas le souhait de la ministre française de la Recherche, Frédérique Vidal, qui y verrait «un très beau symbole de l’amitié européenne», selon ses mots à l’issue d’une réunion de l’ESA à Séville.

14,4 milliards d’euros : un budget de fête pour l’ESA

Cette conférence interministérielle de l'ESA, justement, était un événement majeur pour l'Europe spatiale qui s'est tenu mercredi et jeudi, concluant deux ans de préparations entre vingt-deux gouvernements nationaux. «Je suis heureux. J'ai obtenu 14,4 milliards d'euros de financements ! C'est plus que ce que j'avais demandé», s'est réjoui le patron de l'ESA, Jan Wörner. L'agence spatiale européenne s'est vue attribuer un budget record, supérieur de 4 milliards d'euros à la précédente enveloppe attribuée en 2016. C'est un bond significatif et une vraie bouffée d'air pour l'Europe, qui correspond à 5 euros de contribution par citoyen européen. L'Allemagne passe en tête des pays contributeurs, avec 3,3 milliards, devant la France (2,66 milliards) et l'Italie (2,28 milliards).

Décliné en deux volets de trois et cinq ans, ce budget devra financer le programme d’observation de la Terre (émissions de CO2, Arctique, Afrique), le développement des nouvelles fusées Ariane 6 et Vega C, la conception d’un moteur et d’un étage de fusée réutilisable (Prometheus et Thémis), une rénovation du centre spatial de Kourou, la sonde Lisa qui détectera les ondes gravitationnelles depuis l’espace et le télescope spatial Athena qui étudiera les trous noirs… L’Europe réaffirme aussi son engagement dans l’ISS jusqu’en 2030 et sa participation à la future station spatiale en orbite autour de la Lune. De nouveaux astronautes seront bientôt sélectionnés, et l’Europe compte bien envoyer ses meilleurs éléments sur la Lune, et pourquoi pas sur Mars, aux côtés de la Nasa.

Et aussi…

[Cinéma] Loin de l’imagerie américaine éculée, Alice Winocour signe un film sur la préparation des astronautes, où la distance entre les protagonistes atteint celle qui sépare les astres.