Un service de réanimation pour vieux satellites
Et si on réparait les satellites en orbite, au lieu de les abandonner dès qu'ils tombent en panne et d'en lancer de nouveaux à la place ? Cette idée pleine de bon sens devient enfin envisageable, grâce à l'expérience réussie de Northrop Grumman. L'entreprise américaine d'aérospatiale a envoyé dans l'espace un «Véhicule d'extension de mission» (MEV-1) chargé, comme son nom l'indique, de prolonger la mission d'un autre satellite déjà en orbite. La machine à secourir est le satellite de télécommunications Intelsat IS-901. Ses réservoirs de carburants sont presque vides, l'empêchant de manœuvrer, et il a été mis hors-service en décembre 2019 en attendant un coup de main.
C’est ce mardi, à 8h15 heure de Paris, que l’ambulance spatiale est intervenue. Le MEV de Northrop Grumman a très lentement rejoint le satellite d’Intelsat à 36 000 kilomètres d’altitude (soit 90 fois plus haut que la station spatiale internationale) et s’y est amarré sans problème. Grâce à son propre système de propulsion, il va pousser son patient dans une nouvelle orbite lui permettant de travailler durant cinq ans encore. Intelsat 901 devrait être de retour au mois de mars.
Photo prise par le satellite MEV-1, montrant l’Intelsat 901 à une distance de 80 mètres, avant l’arrimage. Au fond, la Terre.
(Photo Northrop Grumman. SpaceLogistics)
«Ce service de prolongation de durée de vie est juste la première étape», annonce Northrop Grumman. L'objectif est de développer toute une «flotte» de véhicules qui «non seulement étendront la mission des satellites, mais fourniront d'autres services comme des changements d'inclinaisons, des inspections de vaisseaux», et même des services robotisés de réparation et assemblage de satellites en orbite.
Le noyau de Mars sur la balance
Pendant que l'atterrisseur Insight écoute les séismes de Mars et tente (laborieusement) d'enfoncer une sonde thermique dans son sol, deux chercheurs du Japon s'intéressent à la composition interne de la planète rouge. Grâce à l'étude de roches martiennes et «des mesures de satellites en orbite», ils ont pu estimer que la frontière entre son noyau et son manteau se situe vers 1 800 kilomètres de profondeur.
Structure intérieure de Mars.
(Image Takashi Yoshizaki, 2020)
Le petit noyau de Mars représente donc «seulement un sixième de sa masse totale, là où le noyau de la Terre représente un tiers de sa masse», explique Takashi Yoshizaki. Le sismomètre d'Insight pourra vérifier directement ce nouveau modèle de la composition martienne en analysant la propagation des ondes sismiques.
Cailloux lunaires
Sur la Lune, c'est le rover chinois Yutu-2 qui continue de renifler les rochers, depuis plus d'un an. Il y a quelques jours, il a découvert des cailloux inhabituels. Apparemment plus clairs que le régolite (la poussière de roche) sur lequel ils reposent, ils sont très peu érodés pour des rochers confrontés à des chutes régulières de micrométéorites et de gros changements de température entre le jour et la nuit. Cela signifie qu'ils sont encore jeunes. Enfin, jeunes à l'échelle de la Lune… «Entre dix et cent millions d'années», estime le chercheur américain Dan Moriarty, mais ça pourrait tout aussi bien être «un ou deux milliards d'années», pour une Lune qui a soufflé 4,5 milliards de bougies.
Photo publiée en février 2020 du cratère Von Kármán, avec ses rochers clairs et jeunes, prise par le rover Yutu-2.
(Photo CNSA. CLEP)
Ça dépend d'où viennent ces cailloux, qui trônent dans le cratère de Von Kármán. Il faut les inspecter de plus près pour déterminer leur âge. S'ils ont «l'apparence de fragments hétérogènes soudés ensemble», c'est une brèche de régolite agglomérée par la chaleur d'un impact de météorite. Si au contraire les rochers sont plus homogènes, ils peuvent venir de plus profond dans la croûte lunaire, et être remontés à la surface lors d'un impact.
Images de là-haut : Selfie martien et making-of
Dans son dernier selfie en date, le rover Curiosity est tout poussiéreux mais semble en forme. Le véhicule a réalisé cette image, comme d'habitude, grâce à l'appareil photo «Mahli» (Mars Hand Lens Imager) installé au bout de son bras articulé.
Sol 2687 MaHLI panoramic, on the floor of the next step of the mission : that Greenheugh pediment.https://t.co/7rroD6ajRX pic.twitter.com/FpLZ50IYWk
— Damia Bouic @DamiaB@mastodon.social (@db_prods) February 28, 2020
Avec une autre de ses dix-sept caméras, Curiosity a photographié son bras et le selfie en train de se faire, cliché par cliché. On voit bien comment «le bras se déplace autour du centre optique de Mahli», remarque Damia Bouic, passionnée d'astronomie qui a reconstitué la mosaïque du paysage martien.
How this selfie was made ? Answer here, with the navcam animation from when this mosaic was taken. See how the arm moves around the optical center of the MaHLI. pic.twitter.com/yIoxwVf0Nw
— Damia Bouic @DamiaB@mastodon.social (@db_prods) February 29, 2020