Dans l’actualité du climat cette semaine, il y a au moins une bonne et une mauvaise nouvelle… Par laquelle on commence ? La bonne ? D’accord : le nouveau trou de la couche d’ozone, apparu en mars au-dessus du pôle Nord, s’est résorbé. Les satellites européens du programme Copernicus ont observé il y a quelques jours que la dépression du pôle Nord s’est coupée en deux : «Le vortex polaire s’est divisé, permettant l’arrivée d’air riche en ozone au-dessus de l’Arctique.» Nous voilà à nouveau bien protégés des rayonnements ultraviolets du Soleil.
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Et maintenant la mauvaise nouvelle : la banquise en Arctique va continuer de fondre quoi qu’on fasse, et même si des politiques ambitieuses étaient menées pour minimiser le réchauffement climatique, la glace ira jusqu’à disparaître totalement des mers boréales certains étés.
Ce sont les résultats d'une vaste étude impliquant 21 instituts de recherche à travers le monde. Les scientifiques ont simulé l'évolution de la couverture de glace en mer Arctique en utilisant pas moins de 40 modèles climatiques différents, et selon quatre scénarios, du plus pessimiste au plus optimiste selon les efforts de l'humanité pour limiter la casse.
La glace disparaît dans tous les cas
Aujourd’hui, la superficie de la glace recouvrant les mers du pôle Nord varie selon les saisons : elle diminue chaque été et remonte chaque hiver. Mais la tendance générale, année après année, est à la baisse. L’été 2019 a même connu un record : il a enregistré la deuxième superficie la plus faible en quarante ans de mesures satellites. Le 18 septembre 2019, au pic de la fonte estivale, la banquise arctique ne s’étendait que sur 4,15 millions de km² selon les mesures américaines du NSIDC (National Snow Ice Data Center).
Et demain ? La glace disparaît. Dans tous les cas. «Dans la grande majorité des simulations disponibles, l'océan Arctique devient pratiquement dénué de banquise (superficie de glace inférieure à 1 million de km²) au mois de septembre pour la première fois avant l'an 2050 dans chacun des quatre scénarios d'émissions» de CO2, annonce l'étude.
Dans le scénario pessimiste, «où les émissions de CO2 seront élevées et la protection du climat faible, la glace de mer arctique disparaît rapidement en été», rapporte l'Université catholique de Louvain (Belgique) dont le centre de recherches sur le climat a participé à l'étude. C'était prévisible.
«Même avant 2050»
En revanche, les scientifiques ne s'attendaient pas à découvrir que même si on met le paquet dans la lutte pour l'environnement avec des résultats positifs sur les températures terrestres, la banquise disparaîtra quand même. «Si nous réduisons rapidement et substantiellement les émissions mondiales et maintenons ainsi le réchauffement climatique en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, la glace de mer arctique disparaîtra tout de même occasionnellement en été, même avant 2050. Un constat qui nous a réellement surpris», témoigne François Massonnet de l'UCLouvain.
La leçon de cette étude, c'est qu'il est de toute façon trop tard pour garantir la présence continue d'une portion de banquise, même réduite. Certains étés, le pôle nord sera presque entièrement liquide. D'autres étés, il restera de la glace sur une surface plus ou moins étendue. Un peu de glace, ou beaucoup de glace… Ça dépendra des années. La superficie sera variable, et «cette variabilité va augmenter fortement», prédit le chercheur Bruno Tremblay, de l'université McGill à Montréal. «Ça va rendre la vie plus difficile pour les populations locales et les espèces qui dépendent de la banquise.»