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Libération
Envoyé spatial

Les volcans de Vénus sont vivants, et autres nouvelles du ciel

Cette semaine, le rover américain Perseverance s'envole pour Mars, le télescope spatial James Webb est repoussé à octobre 2021, Amazon va pouvoir lancer 3 200 satellites internet, et on a la preuve que Vénus est toujours géologiquement active.
(Photos Nasa & Steve Elliott. CC BY CA)
publié le 1er août 2020 à 11h39

Avec Perseverance, la Nasa se remet en Mars

La mission Mars 2020 a décollé jeudi de Cap Canaveral en Floride, direction la planète rouge. A son bord, l’astromobile Perseverance va rejoindre son prédécesseur Curiosity pour retracer l’histoire géologique de Mars et chercher d’éventuelles traces de vie passée. Il atterrira en février 2021 dans le cratère Jezero, emplacement d’un ancien lac riche en argile, qui a peut-être conservé les restes de composés organiques.

Accompagné d’un hélicoptère miniature qui va tenter de voler dans l’atmosphère martienne, Perseverance prélèvera aussi des échantillons de roches qu’une future mission devra rapatrier sur Terre. Le rover enregistrera les sons de Mars (et ses «pops» de laser) avec des micros et préparera l’arrivée de l’homme sur Mars en fabriquant de l’oxygène et en testant la résistance aux radiations de quelques tissus de combinaisons spatiales.

A lire en version détaillée Avec Perseverance, la Nasa se remet en Mars

Le décollage s'est bien passé durant toutes ses premières étapes, jusqu'à ce que le rover quitte définitivement la Terre, libéré de son attraction gravitationnelle. Puis il a connu un léger problème de température. «Jeudi vers 11h30 [17h30 à Paris, ndlr], on a reçu un signal de télémétrie de Mars 2020 depuis les stations au sol de la Nasa, rapporte l'agence spatiale américaine. Les données indiquent que le vaisseau est entré dans un état que l'on nomme mode survie, principalement parce que le vaisseau était un peu plus froid que prévu quand Mars 2020 est passé dans l'ombre de la Terre.» Mais le problème n'était que passager : «Toutes les températures sont désormais nominales [conformes aux attentes, ndlr] et le vaisseau est sorti de l'ombre de la Terre.» Mars 2020 est revenu en mode «voyage» dans la nuit de jeudi à vendredi.

Nouveau retard pour le télescope James Webb

On reste du côté américain, et toujours dans la famille des grandes missions qui nécessitent des décennies de préparation et des milliards de dollars. La Nasa a annoncé une nouvelle date de lancement pour le futur télescope spatial James Webb : le 31 octobre 2021.

Le développement de JWST est une longue histoire de retards, de reports et de dépassements de budget. Il était initialement prévu qu'il décolle en 2007… Puis le projet a été complètement revu et la Nasa a annoncé un départ en 2018. Aujourd'hui, la construction du télescope géant est officiellement finie. Il subit des batteries de tests depuis fin 2016, mais l'un d'entre eux a malencontreusement déchiré le bouclier thermique. Et puis on a trouvé des vis desserrées. Et des valves endommagées par l'usage d'un solvant inapproprié. Et des câbles mal choisis ont grillé des circuits électriques. Bref, des erreurs humaines, qui ont coûté des mois et des centaines de millions de dollars supplémentaires. Dernièrement, on espérait un lancement en mars 2021. Mais pour couronner le tout, la pandémie de Covid est passée par là. Il faut espérer que ce sera le dernier rebondissement…

En attendant, le programme de l’été pour l’équipe de JWST consiste à valider le test complet des systèmes électriques (ce qui vient d’être fini), puis de faire des tests acoustiques et de vibration.

3 200 satellites pour Amazon

Mauvaise nouvelle pour nos nuits étoilées : la Commission fédérale des communications (FCC) américaine a approuvé ce vendredi le projet Kuiper d'Amazon, qui veut placer 3 236 satellites en orbite basse pour fournir un accès mondial à Internet. La moitié des satellites devront être lancés avant fin juillet 2026, et l'autre moitié d'ici l'été 2029. Le rythme promet d'être intense.

De son côté, le projet concurrent Starlink de SpaceX compte déjà 535 satellites en orbite terrestre et compte grimper au moins jusqu'à 12 000. Les engins sont largués par grappes de 60 à la fois, au rythme moyen d'un décollage par mois. Le «train» des points lumineux qui traversent le ciel à la queue leu leu après le décollage est impressionnant à observer à l'œil nu… Mais une fois sur leur orbite définitive, les satellites Starlink continuent d'être visibles par les télescopes et inquiètent fortement la communauté astronomique car ils perturbent les observations. Amazon vient d'annoncer que 10 milliards de dollars vont êtres investis dans le projet Kuiper.

Les volcans de Vénus sont toujours actifs

Ça gargouille là-dedans ! On savait que Vénus était une planète au climat infernal (92 fois la pression atmosphérique de la terre et une température moyenne de 462° C) et on peut maintenant affirmer qu'elle est toujours géologiquement active.

Pour un papier publié dans Nature Geoscience, les chercheurs ont étudié les structures volcaniques en forme de cercles qu'on trouve un peu partout sur Vénus et qu'on nomme coronæ. Elles sont une marque indéniable de volcanisme – des roches fondues remontent à la surface, la percent et se répandent en cercles. Mais depuis combien de temps sont-elles figées ? On pensait jusqu'ici que Vénus s'est lentement refroidie depuis la formation du système solaire, durcissant suffisamment sa croûte pour qu'aucune roche fondue venue de l'intérieur de la planète ne puisse remonter et percer la surface. Mais on se trompait.

Les chercheurs ont modélisé le plus précisément possible les remontées de roches chaudes (les «panaches») depuis le manteau de Vénus jusqu'à sa lithosphère, la couche externe de sa croûte terrestre. Leur simulation, bien plus réaliste que les travaux précédents sur le sujet, permet non seulement d'identifier «plusieurs styles d'interactions entre les panaches et la lithosphère, mais aussi différents stades d'évolution». Autrement dit, les modèles informatiques nous apprennent à quoi ressemblent des coronæ vénusiennes selon leur âge.

Les chercheurs connaissent les désormais les «caractéristiques géologiques présentes uniquement dans les coronæ encore actives» et il s'avère d'après ces indices qu'«au moins 37 coronæ ont été actives très récemment» sur Vénus, rapporte le géologue américain Laurent Montési. «C'est la première fois que l'on peut pointer des structures spécifiques et dire : "Regardez, ceci n'est pas un ancien volcan mais un qui est encore actif aujourd'hui. En sommeil peut-être, mais pas mort."» Classe.

Et aussi…

. L’astronaute français s’est officiellement vu assigner sa deuxième mission spatiale, baptisée Alpha. Il rejoindra l’ISS au printemps 2021 à bord du nouveau vaisseau de SpaceX.