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Envoyé spatial

Des bolides au cœur de la Voie lactée, et autres nouvelles du ciel

Cette semaine, on flashe les étoiles les plus rapides de la galaxie à 8% de la vitesse de la lumière, on modélise l'impact d'une petite planète fonçant sur la Terre, l'observatoire Lick réchappe des feux de forêt et on allume le moteur d'Ariane 6. Et du caca de manchots.
publié le 22 août 2020 à 11h08

Des bolides au cœur de la Voie lactée

Elle file à 24 000 kilomètres par seconde, soit 8% de la vitesse de la lumière : S4714 est l'une des étoiles les plus rapides de notre galaxie. Cinq astronomes allemands et polonais l'ont flashée au centre de la Voie lactée, accompagnée de quelques étoiles voisines tout aussi véloces, grâce au Très Grand Télescope du désert d'Atacama au Chili.

Durant douze ans, entre 2004 et 2016, les chercheurs ont relevé la position de cinq étoiles situées très près du trou noir supermassif Sagittarius A*, au centre de notre galaxie. Ils ont ainsi pu reconstituer leurs orbites. Surprise : la plus rapide des cinq étoiles, S4711, boucle un tour du trou noir en 7,6 ans ! Une période «incroyable», estime Florian Peissker, principal auteur de l'étude parue dans The Astrophysical Journal. Pour comparer, il faut 12 ans à sa compagne S4714 pour faire le tour de la galaxie, et… 250 millions d'années à notre Soleil. Mais il faut dire qu'il est situé en périphérie de la Voie lactée. Alors que S4711, notre championne absolue, évolue seulement à 144 unités astronomiques (la distance Terre-Soleil) du trou noir.

Ces cinq étoiles ultra-rapides sont peut-être des «squeezars». C'est un terme inventé par les astronomes Tal Alexander et Mark Morris en 2003 pour décrire des étoiles si proches d'un trou noir qu'elles doivent être «pressées» (squeezed), comme on presse un citron, par les forces de marées. Cela leur inflige de sévères hausses de températures, explique Florian Peissker.

Un observatoire historique trop proche des flammes

L'observatoire Lick a eu chaud. Perché au sommet du mont Hamilton en Californie, il a été évacué dans la nuit de mardi à mercredi alors que des feux de forêt se rapprochaient dangereusement. Mais les pompiers se sont postés sur place et ont pu tenir les flammes à distance, en ratiboisant la végétation pour créer un espace vide autour de l'observatoire. Il n'y a, a priori, pas eu de dégâts autour du bâtiment et du télescope principal. Lick est l'un des premiers observatoires à avoir été installées en altitude, à la fin du XIXe siècle.

Gueules d’atmosphères

BAOUM ! Quel serait l’effet d’une petite planète fonçant droit sur la Terre ? Et si elle déboulait avec un angle plus rasant ? Et si elle arrivait à grande vitesse ? Et si elle arrivait avec un angle plus rasant à grande vitesse ?

Des chercheurs britanniques de l'université de Durham ont utilisé des superordinateurs pour simuler, en 3D, de catastrophiques collisions comme il a pu s'en produire aux débuts du système solaire. Dans leurs quatre scénarios, la planète cible est semblable à la Terre : noyau, manteau, croûte, et une fine atmosphère. Il en résulte qu'un impact frontal génère une perte d'atmosphère bien plus importante qu'un impact rasant. Et dans le scénario le plus consensuel sur la formation de la Lune (où un impacteur nommé Théia aurait percuté la Terre), «seulement 10% environ de l'atmosphère aurait été perdue des effets immédiats de la collision».

Images d’ici-bas

C’est le moteur qui équipera la première Ariane 6, pour son vol inaugural prévu en 2021. Quelques mois avant le grand décollage, fin juillet, il a subi un «test de réception» pour valider son bon fonctionnement sur tous les aspects. «Le moteur et le banc d’essais ont été équipés de plus de 80 mesures spécifiques pour caractériser l’ambiance acoustique permettant de prévoir les niveaux qui seront observés sur le pas de tir à Kourou», précise ArianeGroup, constructeur de la fusée européenne.

Le moteur-fusée Vulcain 2.1 sera installé sur l'étage principal d'Ariane 6, pour lui offrir une poussée «de 135 tonnes dans le vide». Il propulsera la fusée durant les huit premières de vol. Puis l'étage principal se détache, et c'est le moteur Vinci du second étage qui prend le relais.

Bonus : sur la trace des cacas de manchots

Le nombre de colonies de manchots connues en Antarctique a bondi de 20% : le satellite européen Copernicus Sentinel-2 a permis de les repérer depuis l'espace. Oh, pas les manchots eux-mêmes ! Ils sont bien trop petits pour qu'on les distingue sur les images. Mais en zoomant bien, on voit des régions gris sombre, comme tachées de cambouis…

Ce sont «des déjections de manchots, qu'on appelle guano», explique l'ESA. La neige salie par des centaines de manchots s'étale sur plusieurs kilomètres et se voit depuis l'orbite terrestre, à 780 kilomètres d'altitude.