La «plus ancienne» voûte céleste prend un coup de jeune
Le débat progresse sur l'âge réel du disque de Nebra, un célèbre objet archéologique allemand qui a longtemps été considéré comme la représentation la plus ancienne de la voûte céleste. Sur ce disque de bronze de 32 centimètres de diamètre, de petites incrustations en plaque d'or représentent manifestement le croissant de la Lune, le Soleil ou la pleine Lune, et toute une série d'étoiles. Un motif de sept points regroupés pourrait bien être l'amas des Pléiades. Quant aux deux arcs opposés, aidaient-ils à repérer le point où se lève et se couche le Soleil entre les solstices d'été et d'hiver ?
Si sa valeur historique est inestimable, l'âge du disque de Nebra a toujours été débattu. En 1999, ce sont deux «détectoristes» (adeptes du détecteur à métaux) qui l'ont trouvé en retournant la terre sans licence, donc illégalement, à coups de pioches tellement francs qu'ils ont sévèrement abîmé leur trouvaille. Les deux pilleurs ont été condamnés à quelques mois de prison en 2003, acceptant de conduire les archéologues sur le lieu de leur découverte en échange d'une réduction de peine. Reste à valider leur parole de non spécialistes, quatre ans après les faits… D'après eux, le disque a été trouvé aux côtés d'autres objets (épées de bronze, hachette, ciseau, bracelets). Ces autres objets ont été datés de 1600 avant notre ère, en plein âge du bronze. Mais cette datation est contestée pour le disque de Nebra, notamment par l'archéologue allemand Rudiger Krause, spécialiste de l'époque. Il le pense plutôt conçu à l'âge du fer, donc beaucoup plus récent.
En ce début septembre, Krause enfonce le clou avec une nouvelle étude à paraître dans Archaeologische Informationen. Avec son confrère Rupert Gebhard, il a réexaminé les documents sur la découverte de l'objet, l'angle des griffures dues aux coups de pioche et l'orientation supposée du disque dans le sol, les photos du site et la nouvelle fouille menée en 2002, les comptes rendus d'audiences judiciaires, les isotopes des métaux du disque… Pour eux, c'est sans appel : le disque de Nebra n'a pas pu être trouvé dans la même cachette que les autres objets de l'âge du bronze. Le disque appartient probablement au contexte historique du «premier millénaire avant JC».
Qui veut ramasser de la poussière lunaire pour la Nasa ?
La Nasa aimerait que quelqu'un aille déterrer des échantillons de sol lunaire… mais pas elle. Quelqu'un d'autre. Une boîte privée, s'il vous plaît. Le patron de l'agence spatiale américaine, Jim Bridenstine, a annoncé ce jeudi lancer un appel à propositions «pour la collecte de ressources spatiales». Toute entreprise privée du secteur peut se lancer d'ici 2024 et essayer d'aller récupérer 50 à 500 grammes «de "poussière" ou de roches provenant de n'importe quel endroit à la surface de la Lune, envoyer les images de la collecte et des échantillons à la Nasa, ainsi que les données sur le lieu.» Les roches subiront dès leur collecte un «transfert de propriété» vers l'agence spatiale. Pas la peine de les ramener sur Terre, ce n'est pas le but de l'exercice.
Mais pourquoi, alors ? «En gros, nous allons acheter du sol lunaire pour démontrer que c'est faisable», résumait Bridenstine dans une conférence. La Nasa veut stimuler et normaliser l'extraction et le commerce de ressources lunaires, «et pas seulement entre entreprises ou individus privés, mais aussi entre pays et à travers les frontières», puisque l'appel est ouvert aux entrepreneurs du monde entier. L'agence paiera 15 000 à 25 000 dollars par mission réussie. Ça ne couvrira pas le développement d'une telle mission pour les candidats, mais Bridenstine rappelle que s'ils réussissent à collecter plus de 500 grammes, ils peuvent tout à fait vendre le surplus au plus offrant…
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Une médaille d’or pour l’experte des galaxies
La médaille d'or du CNRS, prestigieuse récompense française qui reconnaît chaque année «l'ensemble des travaux d'une personnalité scientifique de renom», vient d'être décernée pour 2020 à l'astrophysicienne Françoise Combes. Enfin, une médaille pour la recherche sur l'espace ! «La dernière médaille d'or attribuée à un astrophysicien date de 1983. À cette époque, c'est le père de l'astrophysique en France, Evry Schatzman, qui avait été récompensé. Et très peu de femmes l'ont obtenue», fait remarquer la lauréate à Ciel et Espace.
Professeure au Collège de France, Françoise Combes a largement contribué aux connaissances actuelles sur les galaxies : leur formation et leur croissance au cours de l'histoire de l'univers, leurs interactions, leur forme (d'où vient la barre lumineuse au milieu des galaxies spirales ?), leur composition ou encore le rythme de formation des étoiles en leur centre (plus lent quand il y a un trou noir supermassif)… Aujourd'hui, elle planche sur l'épineuse question de la matière noire.
Jupiter pourrait avoir 600 lunes
Combien de satellites naturels possède Jupiter ? Dans sa lunette primitive, Galilée en a vu quatre : Io, Ganymède, Europe et Callisto. Puis on a découvert leurs innombrables compagnons au fil des progrès technologiques. Quatorze lunes avec de meilleurs télescopes, puis trois nouvelles en envoyant les sondes Voyager survoler Jupiter en 1979… Le rythme s'est accéléré dans les années 2000, grâce à une sorte de campagne de dépistage systématique menée par l'université d'Hawaï. Aujourd'hui, on en connaît 79.
Mais la galère pour leur trouver des prénoms ne fait que commencer. Trois astronomes canadiens, qui feront une conférence sur le sujet fin septembre, avancent qu'il y a sans doute 600 lunes autour de Jupiter si on compte tous les petits corps irréguliers d'un rayon supérieur à 400 mètres. Et de manière sûre, ils peuvent déjà en citer 45 nouvelles.
Leur étude, bientôt publiée dans The Planetary Science Journal, détaille la méthode : les chercheurs ont fouillé dans les archives d'observations du télescope Canada-France-Hawaii en 2010. Ils ont mis en relation des photos de l'environnement de Jupiter de 126 manières différentes, explique Sky & Telescope, «pour chaque combinaison de vitesse et de direction que pourrait emprunter une potentielle lune jovienne à travers le ciel». C'est ainsi qu'ils ont trouvé 45 nouveaux petits points lumineux se déplaçant d'une photo à l'autre. Ils ont ainsi exploré une petite partie du ciel seulement. En extrapolant leurs résultats à tout l'entourage de Jupiter, les Canadiens estiment qu'il doit y avoir 600 lunes autour de Jupiter.