A-t-on rêvé la phosphine de Vénus ?
L'annonce fracassante est tombée lundi : des traces de phosphine (PH3) ont été détectées dans l'atmosphère de Vénus. Sur Terre, cette molécule toxique est produite naturellement par des bactéries, quand elle n'est pas fabriquée par l'industrie en tant que pesticide. De quoi nourrir les espoirs de trouver de la vie sur Vénus ? Aucun indice ne permet d'aller dans ce sens. La phosphine vénusienne peut très bien provenir d'un processus chimique naturel.
Avant de comprendre l'origine de cette molécule, il va falloir commencer par confirmer sa présence dans l'atmosphère par de nouvelles mesures. Ça tombe bien, la sonde euro-japonaise BepiColombo va justement frôler Vénus au cours de son voyage vers Mercure, d'abord autour du 15 octobre puis une seconde fois le 11 août 2021. «On peut dire que le timing est parfait», s'enthousiasme Jörn Helbert de l'agence spatiale allemande. Responsable de l'instrument Mertis sur la sonde BepiColombo, il pense que ce spectromètre infrarouge est capable de détecter la phosphine – «nous allons vérifier que notre sensibilité est assez bonne pour faire des observations». Le premier survol d'octobre se fera à 10 000 kilomètres d'altitude («il faudra être très, très chanceux»), mais le second est plus prometteur car la sonde rasera Vénus à 1 000 kilomètres (là, «on aura besoin d'être seulement très chanceux. On est vraiment à la limite de ce qu'on peut détecter»).
En attendant, des voix commencent à s’élever pour mettre en doute la découverte de la semaine dernière.
«Evidemment, si la mesure est correcte, c’est un résultat très cool qui a potentiellement d’importantes implications
,
, astronome à l’observatoire Alma au Chili.
Mais les grandes annonces demandent de grandes preuves»
, or les mesures de phosphine sont tout sauf limpides et indiscutables. Il y a beaucoup de bruit autour du signal détecté… La signature de la molécule a pu être une erreur de lecture, une interprétation trop hâtive. A l’institut Goddard de la Nasa, le physicien Michael Way estime qu'
«on n’est pas sûrs à 100% de ce qu’ils ont mesuré».
En France, le planétologue Emmanuel Marcq trouve dans
[ Ciel et Espace ]
que
«la mesure n’est pas très nette»
. D’autres travaux sont indispensables. Spécialiste de l’atmosphère de Vénus à l’Observatoire de Paris, le chercheur estime dans le magazine spécialisé qu’il faudrait
«refaire les observations avec les mêmes instruments, mais avec une autre équipe. Ou chercher la phosphine à d’autres longueurs d’onde. Par exemple dans l’infrarouge, sa signature devrait être visible si son abondance annoncée est correcte».
L’affaire de la phosphine vénusienne va sans doute connaître des rebondissements…
Une manœuvre d’urgence de l’ISS relance le débat sur les débris spatiaux
Mardi, la station spatiale internationale a allumé l'un de ses moteurs pendant deux minutes et trente secondes pour dévier sa trajectoire. Ce n'était pas prévu : la manœuvre a été décidée le jour même, pour éviter la collision avec un débris spatial un peu trop proche détecté à la dernière minute. Finalement, l'écart de trajectoire a permis à l'ISS de rester à 1,39 kilomètre du débris au moment où ils se sont croisés. Et par «excès de précaution», la Nasa a demandé aux trois astronautes actuellement en orbite «de se rendre dans le segment russe de la station pour être plus près de leur vaisseau Soyouz» au cas où il faudrait évacuer en urgence.
«A aucun moment l'équipe n'a été en danger», tient à rassurer la Nasa. Mais l'anecdote est symptomatique d'une situation préoccupante : l'orbite terrestre est encombrée de déchets, et il devient de plus en plus fréquent de devoir slalomer entre ces projectiles. «La station a manœuvré trois fois en 2020 pour éviter des débris, a tweeté le patron de l'agence spatiale américaine, Jim Bridenstine. Au cours des deux dernières semaines, il y a eu trois conjonctions potentielles avec un niveau d'alerte élevé. Le problème des débris empire !»
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Ce déchet-là était inconnu au moment où on l'a repéré. Il a fallu plusieurs heures pour l'identifier avec certitude : il s'agissait d'un morceau d'étage supérieur d'une fusée japonaise lancée en 2018, qui s'est brisé en février 2019. Cette explosion a généré des dizaines de débris, dont 77 ont été catalogués et sont suivis, nous apprend l'astrophysicien Jonathan McDowell. Plus tôt dans l'année, l'ISS avait déjà évité un moteur soviétique lancé en 1987, et un bout de satellite détruit en 2007 par les Chinois, qui testaient un missile anti-satellite. Le missile en question est manifestement efficace – mais à quel prix ? Très critiquée à l'international, l'opération a créé au moins 3 500 nouveaux débris traçables à elle seule.
Encelade «resurfacée» par de la glace fraîche
La surface d’Encelade, le satellite gelé de Saturne, n’est pas figée : sa croûte de glace se renouvelle dans certaines régions, alimentée par de la matière nouvelle venant de l’intérieur de l’astre. Une équipe franco-américaine a publié une carte de cette surface changeante, grâce aux treize années (2004-2017) de mesures amassées par la sonde Cassini.
L'instrument VIMS de la sonde permettait d'observer les planètes en infrarouge. Il a permis d'analyser précisément les longueurs d'onde de la lumière réfléchie par la blanche Encelade, et ainsi de différencier la composition et l'âge de glace qui recouvre sa surface. Les zones rouges sont celles où «de la glace fraîche a été déposée en surface», explique la Nasa.
Au pôle Sud, on voit bien les trois «griffures de tigres», comme les appellent les astronomes connaisseurs de la région, d'où jaillissent des geysers de vapeur et de poudre de glace projetés depuis l'océan souterrain d'Encelade. On les connaît depuis 2005. Mais on découvre aujourd'hui une nouvelle zone, dans l'hémisphère Nord, où Encelade semble avoir été «resurfacée» récemment. «Grâce à ces yeux infrarouges, on peut remonter le temps et affirmer qu'une grande région de l'hémisphère nord apparaît également jeune. Elle était probablement active il n'y a pas si longtemps, sur une échelle de temps géologique», commente Gabriel Tobie, du Laboratoire de planétologie et géodynamique à Nantes.
Image de là-haut : portrait de rentrée pour Jupiter
Tous les ans, le télescope spatial Hubble photographie les planètes externes du système solaire pour surveiller leur évolution : que deviennent les nuages et les tempêtes de Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune ? Dans le cadre de ce programme nommé Outer Planets Atmospheres Legacy (OPAL), Hubble a tiré un nouveau portrait de la plus grosse des planètes le 25 août.
Alors, quoi de neuf sur Jupiter ? Une nouvelle tempête géante dans l'hémisphère Nord, repérée depuis la Terre le 18 août, et qui apparaît sur la photo sous la forme d'une traînée blanche très brillante. Elle progresse sur la planète gazeuse à 560 km/h, précise la Nasa. Quant à la célèbre Grande Tache Rouge de l'hémisphère Sud, elle est d'un rouge particulièrement vif en ce moment, et mesure 15 770 kilomètres de large (soit un peu plus que la Terre). Elle continue de se résorber lentement, pour des raisons inexpliquées. Juste en dessous sur la photo, la «Tache Rouge Junior» a tellement pâli au fils des ans qu'elle apparaît désormais toute blanche.