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Libération
Envoyé spatial

On a filmé l'éclat d'une supernova, et autres nouvelles du ciel

Cette semaine, une vidéo accélérée de Hubble montre le pic et la chute de luminosité d'une supernova. Et aussi : des radis en apesanteur, une carte postale de Tianwen-1 en route vers Mars, comment atterrir et rouler sur Phobos, et des sièges russes pour astronautes indiens.
publié le 3 octobre 2020 à 10h56

L’extinction d’une supernova

Quand une étoile massive a brûlé tout son carburant, sa vie prend fin dans une gigantesque explosion appelée supernova. Durant quelques semaines, voire quelques mois, elle devient alors si brillante qu’on peut la voir depuis la Terre en plein jour (si l’étoile est dans la Voie lactée). A leur pic de luminosité, les supernovae peuvent émettre à elles seules autant de lumière qu’une galaxie entière…

Pour la première fois, on peut apprécier les variations de luminosité d’une supernova en vidéo, dans un «timelapse» composé d’images réelles. Il s’agit ici d’une supernova dans la galaxie NGC 2525, filmée entre février 2018 et février 2019 par le télescope spatial Hubble. On la voit ultra brillante au début, stagnant dans cet état quelques semaines, puis perdant rapidement de sa luminosité jusqu’à redevenir un point de lumière parmi d’autres.

Il s'agissait à l'origine d'une naine blanche, un astre très dense, qui aspirait la matière d'une autre étoile compagne. «Quand la naine blanche atteint une masse critique (1,44 fois notre Soleil), explique l'équipe de Hubble, son noyau devient suffisamment chaud pour déclencher la fusion du carbone. S'ensuit alors un processus thermonucléaire qui fait fusionner de grandes quantités d'oxygène et de carbone en quelques secondes. L'énergie produite fait violemment exploser l'étoile, éjectant de la matière à 6% de la vitesse de la lumière.» Les supernovae de type Ia, comme celle-ci, «atteignent un pic de luminosité de 5 milliards de fois notre Soleil».

Des radis en apesanteur

Vendredi soir décollait des Etats-Unis un cargo de ravitaillement de la station spatiale internationale. Parmi les habituels stocks de vivres, de vêtements, d'outils et d'expériences scientifiques, les astronautes recevront des graines de radis. «Alors que nous nous préparons à renvoyer des humains sur la Lune et sur Mars, le besoin de savoir faire pousser de la nourriture fraîche dans l'espace est plus important que jamais», explique la Nasa.

L'expérience Plant Habitat-02 vise à faire germer des graines de radis dans l'«advanced plant habitat», une petite chambre spécifiquement conçue pour étudier le comportement des végétaux en microgravité. La chambre «nécessite peu de maintenance», détaille la Nasa : «Elle a besoin de lumières LED, d'une terre poreuse et d'une distribution contrôlée d'engrais pour apporter l'eau, les nutriments et l'oxygène aux racines de la plante. […] L'atmosphère, le degré d'humidité et la température sont automatiques.» On saura bientôt si le radis est un légume simple à produire dans l'espace, pour alimenter les futurs astronautes aux missions longues.

Image de là-haut : bons baisers de Tianwen-1, en route vers Mars

En voilà une sonde attentionnée ! Pour le 71e anniversaire de sa patrie, la République populaire de Chine (proclamée le 1er octobre 1949), le vaisseau spatial Tianwen-1 lui a envoyé une carte postale depuis l'espace interplanétaire. Voilà plus de deux mois que la sonde chinoise vogue vers Mars. Elle a décollé le 23 juillet et mettra sept mois à arriver à atteindre la planète rouge. Depuis son lancement, Tianwen-1 suit globalement l'orbite de la Terre autour du Soleil, tout en s'écartant progressivement grâce à d'occasionnelles manœuvres de correction de trajectoire.

Autoportrait de la sonde chinoise Tianwen-1 en route vers Mars, jeudi.

Photo CNSA

Au 1er octobre, elle a déjà parcouru 188 millions de kilomètres depuis fin juillet, et se trouve à 24,1 millions de kilomètres de la Terre, annonce la CNSA (l'agence spatiale chinoise). C'est là que Tianwen-1 a sorti une surprise de son chapeau, en larguant derrière elle une petite caméra de moins d'un kilo. La caméra a pris une photo par seconde en s'éloignant de la sonde, en lui envoyant les images au fur et à mesure par wifi. Puis Tianwen-1 a transféré les fichiers à la Terre.

Sur l'image, la coquille blanche est le bouclier thermique, qui renferme l'atterrisseur qui se posera sur Mars et le rover qui partira explorer la région. Le bouclier thermique les protégera de la rentrée dans l'atmosphère martienne. En dessous, le grand cube doré avec ses panneaux solaires correspond à la partie qui restera en orbite autour de Mars. On y aperçoit le drapeau martien, «légèrement plus petit qu'une feuille A3», précise la CNSA.

Image d’ici-bas : rouler sur Phobos

En 2024, si tout se passe bien, la mission japonaise MMX partira pour la plus grosse lune de Mars, Phobos. Un petit rover de conception franco-allemande se posera à la surface de cette Lune de 27 km sur 18. Son prototype est déjà équipé de deux roues, qui ressemblent à des roues à aubes, pour progresser dans un régolithe (poussière de roche) dont on ne connaît ni la texture, ni l'épaisseur… Dans un laboratoire de l'agence spatiale allemande, les premiers tests d'atterrissage sont réalisés en ce moment : le petit robot de 25 kilos doit pouvoir tomber sur un terrain accidenté, puis se remettre à l'endroit tout seul.

Détail d’une roue sur le prototype de rover MMX.

Photo DLR, CC BY 3.0

Le siège russe des astronautes indiens

L’Inde a annoncé son ambition de maîtriser rapidement les vols habités dans l’espace : ses premiers astronautes devraient voler en 2022, et ils commenceront dans la foulée à construire leur propre station spatiale. On capte de temps en temps quelques indices que le chantier avance bien… Par exemple quand la Russie annonce confectionner des combinaisons spatiales et des sièges de voyage pour les futurs astronautes indiens.

Moulage de siège sur-mesure pour un astronaute grâce à un bain de plâtre, chez l’entreprise russe Zvezda.

Photo Glavkosmos

«Le 3 septembre, les cosmonautes indiens qui s'entraînent au vol spatial en Russie ont visité Zvezda», annonce l'agence spatiale russe Roscosmos (via sa filiale Glavkosmos dédiée aux projets internationaux). Zvezda, c'est l'entreprise mythique qui fabrique les combinaisons Sokol et les sièges des cosmonautes russes depuis les années 60… mais aussi des astronautes américains, européens, japonais et d'autres nationalités s'ils rejoignent l'ISS dans une capsule Soyouz. Les «paramètres anthropométriques [des Indiens] ont été mesurés pour la fabrication des combinaisons. Le contrat prévoit aussi la production de sièges individuels», rapporte Glavkosmos. Chaque siège est moulé sur mesure pour encoquiller l'astronaute en position quasi fœtale, après avoir figé sa morphologie dans un bain de plâtre.