Pas besoin d’aller chercher bien loin. Le musée de la nature et des sciences de Denver, où sont exposés d’impressionnants fossiles de dinosaures grandeur nature, a révélé dans un communiqué lundi 7 juillet avoir mis au jour un os sous son propre parking. Cette découverte est d’autant plus fascinante qu’elle est le pur fruit du hasard : l’établissement du Colorado réalisait alors au début de l’année un forage pour étudier la possibilité de se chauffer via la géothermie. La probabilité de tomber sur un tel fossile, dans un trou de seulement six centimètres de diamètre, était particulièrement faible. «Trouver un os de dinosaure dans une carotte, c’est comme percer un trou depuis la Lune. C’est comme gagner l’usine de Willy Wonka, compare James Hagadorn, conservateur de géologie du musée. C’est incroyable, c’est extrêmement rare.»
Paléontologie
Le fossile en question, déterré à 230 mètres de profondeur, a été identifié comme une vertèbre vieille de 67,5 millions d’années. Pareille à une rondelle de hockey sur glace, elle aurait appartenu à un petit herbivore (4 mètres tout de même) ayant vécu la fin du Crétacé, peu de temps (tout est relatif) avant l’extinction de ses confrères, voilà 66 millions d’années. Interrogée par l’Associated Press, Erin LaCount, éducatrice environnementale au musée à ciel ouvert du Dinosaur Ridge, près de Denver, suggère d’après la forme du fossile qu’il s’agit d’un Hadrosauridae (un herbivore à bec de canard) ou d’un Thescelosaurus (un petit herbivore).
Autre piste renforçant cette hypothèse : de la végétation fossilisée a également été exhumée dans ce même trou, près de l’os. «Cet animal vivait probablement dans un environnement marécageux fortement végétalisé à l’époque», estime Patrick O’Connor, conservateur et paléontologue des vertébrés du musée. Son collègue, James Hagadorn, abonde : «Ce fossile date d’une époque précédant l’extinction massive des dinosaures et offre un aperçu rare de l’écosystème qui existait autrefois sous le Denver actuel.»
Bien que la région soit propice à la trouvaille de nombreux fossiles de dinosaures, entre autres T-Rex et tricératops, pour Patrick O’Connor, «il s’agit peut-être de la découverte de dinosaures la plus insolite à laquelle j’ai participé». D’après l’article de recherche publié sur cet os en juin, dans le monde entier, seules deux découvertes similaires ont été réalisées grâce à des échantillons prélevés lors d’un forage. Et sous un musée exposant justement des fossiles de dinosaures, c’est une première.
Reportage
La précieuse vertèbre est désormais exposée dans les couloirs de l’établissement, aux côtés de nombreux autres fossiles, entiers. Mais pour celui-ci, pas question de le compléter : «J’adorerais creuser un trou de 233 mètres pour déterrer le reste de ce dinosaure, affirme James Hagadorn. Mais je ne pense pas que cela soit possible, car nous avons vraiment besoin d’un parking.»