De Gréasque à Jurassic Park. Un chantier de fouilles de deux semaines s’est achevé vendredi 26 septembre, après une découverte inédite au cœur de la forêt de cette commune des Bouches-du-Rhône : des empreintes de dinosaures formant trois pistes parallèles, longues d’une quinzaine de mètres. Des traces qui remontent à la fin du Crétacé, il y a plus de 80 millions d’années : «C’est la première fois qu’on en trouve en Europe», souligne au micro d’ICI Provence le paléontologue Yves Dutour, responsable du musée d’histoire naturelle d’Aix-en-Provence.
Titanesque surprise
Ce sont des promeneurs qui les ont remarquées en premier. Pendant des siècles, le public empruntait ce chemin de randonnée sous lequel les couches de terre dissimulaient un trésor paléontologique : sur une dalle calcaire, des empreintes qui mesurent «à peu près 20 centimètres», pour des enjambées «d’à peine un mètre», décrit Yves Dutour.
Ces dimensions, plutôt réduites, ont d’abord orienté les chercheurs vers une fausse piste. «On les attribue, encore avec des pincettes, au genre Rhabdodon, donc un dinosaure très connu en Provence, un bipède herbivore qui a déjà livré de nombreux fossiles, notamment des squelettes», expliquait à France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur le paléontologue Thierry Tortosa, deux jours après le début des fouilles. Les scientifiques bucco-rhodaniens ont été rejoints dans la deuxième semaine du chantier par des spécialistes suisses et italiens, dont l’analyse a révélé que ces empreintes étaient finalement celles de titanosaures.
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«C’est le cousin des diplodocus», explique Yves Dutour. Un dinosaure de la famille des sauropodes, herbivore doté d’un long cou et d’une longue queue pouvant atteindre jusqu’à 30 mètres. Les spécimens gréasquéens en sont loin : leurs empreintes suggèrent qu’ils ne mesuraient que trois malheureux mètres. Ce sont les premières traces de pas de cette espèce découvertes en Europe.
«On va en trouver d’autres»
Les traces ont été analysées grâce à des drones, à l’aide desquels les scientifiques ont pris des photos de différents angles et hauteurs. Ces relevés ont permis aux chercheurs de comprendre le mode de déplacement de ces dinosaures, non sans émotion : «L’empreinte, c’est le mouvement, on peut mettre nos pieds dans les traces des dinosaures. C’est vraiment une trace de vie», se réjouit le paléontologue.
S’il n’est pas rare en Provence de découvrir des signes de la présence des dinosaures – près de 1 000 œufs ont déjà été trouvés dans la réserve naturelle de la Sainte-Victoire, à une vingtaine de kilomètres de Gréasque –, cette zone en particulier n’avait encore jamais été fouillée. Les paléontologues supposaient qu’elle était autrefois recouverte d’un grand lac ; les traces de dinosaures ne se seraient donc pas trouvées au fond de l’eau, mais plutôt en bordure. «Maintenant qu’on sait à quoi ça ressemble et qu’on sait où chercher, je pense que dans les années et les mois qui viennent, on va en trouver d’autres», s’enthousiasme Yves Dutour à la radio locale.
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La découverte a galvanisé toute la commune : mercredi 24 septembre, le conseil municipal des jeunes ainsi qu’un centre aéré ont été invités à se joindre aux paléontologues sur le chantier, où ils ont aidé à nettoyer la dalle. «Les habitants peuvent s’approprier ce patrimoine», sourit le scientifique.
Le maire de Gréasque, Michel Ruiz, a déjà des projets : «La municipalité envisage d’aménager le site pour accueillir la population et tous les nombreux amateurs de dinosaures», déclare-t-il à France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur ; des aménagements similaires existent déjà dans la région, notamment dans la réserve naturelle de la Sainte-Victoire.