Ni bandages blancs enroulés autour du corps, ni masques à tête d’animaux : les plus anciens exemples de momification connus jusqu’à récemment provenaient non pas d’Egypte antique, mais de civilisations ancestrales chiliennes. L’air sec de la région permettait un embaumement naturel, avec certains corps datés à plus de 7400 ans avant notre ère.
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Un record d’ancienneté que vient bouleverser une récente étude réalisée par des chercheurs de l’université nationale australienne. Publiée dans la revue scientifique américaine PNAS lundi 15 septembre, elle met au jour des preuves de rituel de momification en Chine et en Asie du Sud-Est qui remontent à plus de 10 000 ans, soit des milliers d’années plus tôt que ce que les archéologues imaginaient jusqu’à présent.
Squelettes intrigants
Contrairement à leurs homologues chiliennes, les momies retrouvées par les chercheurs de l’université australienne se trouvaient principalement dans des régions humides. C’est la contorsion des squelettes découverts qui a d’abord attisé la curiosité des scientifiques ; ils ont émis l’hypothèse que leur disposition avait été permise par l’absence de tissu mou sur le corps, résultat d’une momification par séchage.
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Une analyse de la composition des échantillons d’os issus de ces sites, comparée à des échantillons témoins prélevés sur d’anciens lieux de rites funéraires au Japon, a prouvé que les corps étaient exposés principalement à de basses températures. La nature intacte des squelettes suggère qu’il n’y a eu aucune tentative de crémation des corps, et que l’objectif était de les préserver. «Une grande surprise» pour la chercheuse Hsiao-chun Huang, membre de l’université nationale australienne et coautrice de l’étude.
Maintenir le contact avec le défunt
Le fumage était probablement l’«option la plus efficace pour préserver les cadavres dans les climats tropicaux», notent les scientifiques. Mais cette pratique, dont on retrouve des traces dans d’autres civilisations voisines, pourrait également revêtir une signification culturelle. Plusieurs sociétés en Indonésie et en Australie fumaient et séchaient les corps des défunts en les liant étroitement au-dessus d’un feu brûlant en continu, souvent pendant plusieurs mois.
Ce processus permettait aux proches de maintenir le contact avec le défunt. L’équipe de chercheurs cite l’exemple des Anga de Nouvelle-Guinée, pour lesquels la momification offre à l’esprit du disparu la capacité de se déplacer librement dans la journée et de réintégrer son corps la nuit. «Cela reflète quelque chose de profondément humain», analyse Hsiao-chun Huang auprès de l’AFP. «Le souhait intemporel que nos proches ne nous quittent jamais, mais restent à nos côtés pour toujours.»