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Découvertes

Egypte : près des pyramides de Gizeh, un ancien bras du Nil et des souterrains ressurgissent

Deux équipes d’archéologues ont fait de nouvelles découvertes sur le site égyptien, selon deux études publiées en mai. Une ancienne branche du fleuve, aujourd’hui asséchée, s’écoulait le long des constructions monumentales, tandis que des analyses ont permis de découvrir deux cavités.
Sur le site des pyramides de Gizeh en Egypte le 3 mai. (Jewel Samad/AFP)
par Enora Foricher
publié le 24 mai 2024 à 18h10

Les pyramides de Gizeh n’ont pas fini de révéler leurs secrets. Si les spécialistes de l’Egypte ancienne savaient qu’une voie d’eau avait été utilisée pour bâtir ces constructions monumentales, des doutes subsistaient quant à sa morphologie et son emplacement exact. Depuis la publication, le 16 mai, d’une étude dans la revue Communications Earth & Environnement, on sait désormais avec certitude qu’un ancien bras du Nil, aujourd’hui asséché, s’écoulait le long des pyramides, dont celles de Gizeh, et aurait permis d’acheminer les matériaux nécessaires à la construction de l’une des Sept merveilles du monde.

Une même bande désertique

«Personne n’était certain de l’emplacement, de la forme et de la taille de cette méga voie d’eau», a détaillé à l’AFP la géomorphologue égyptienne Eman Ghoneim de l’Université de Caroline du Nord à Wilmington (Etats-Unis), principale autrice de l’étude. La branche du Nil nommée Ahramat – signifiant «pyramides» en arabe égyptien – s’écoulait sur 64 km, avec une largeur comprise entre 200 et 700 mètres, de la région des pyramides de Licht, au sud, à la célèbre nécropole de Gizeh, au nord. Elle a joué le rôle d’autoroute fluviale, permettant de transporter ouvriers mais aussi blocs de pierres, pesant parfois jusqu’à plusieurs tonnes, et expliquant ainsi pourquoi les 31 pyramides ont toutes été construites le long d’une même bande désertique. Une découverte annexe corrobore d’ailleurs ces résultats puisque des traces de passerelles entre les pyramides et les temples situés plus bas dans la vallée – véritables ports fluviaux – ont également été retrouvées.

Pour cartographier l’emplacement de l’ancienne voie d’eau, l’équipe de chercheurs a fait appel à l’imagerie satellite, mais également à des relevés géophysiques et à l’échantillonnage de sédiments présents sur le site. «Contrairement aux photos aériennes ou aux capteurs satellitaires optiques qui fournissent des images de la surface du sol, les capteurs radar ont cette capacité unique à décaper la couche de sable pour révéler des structures anciennes ou des rivières enfouies», a expliqué Eman Ghoneim.

Deux structures souterraines

Par ailleurs, une autre équipe d’archéologues, présente sur une période similaire et sur le même site, s’est quant à elle retrouvée face à une nouvelle énigme. Après des explorations géophysiques via géoradar et tomographie de résistivité électrique, les scientifiques ont découvert deux structures souterraines. Situées sous le complexe funéraire de Gizeh, qui abrite entre autres la dépouille du prince Hemiounou, connu pour être l’architecte de la grande pyramide, ces cavités sont de deux tailles distinctes. L’une, peu profonde – entre 0,5 et 2 mètres sous la surface du désert – est en forme de L, sur une superficie de 10 mètres sur 15. L’autre est enfouie de 3,5 à 10 mètres sous la surface du sol, et s’étend sur un carré de 10 mètres sur 10. Selon les premières analyses, les deux souterrains communiqueraient entre eux et pourraient, par la suite, révéler une importante structure archéologique.

Perplexes devant cette découverte, les scientifiques de l’étude publiée en mai dans la revue Archaeological Prospection – fruit d’une collaboration entre chercheurs égyptiens et japonais – n’ont pas trouvé d’explication convaincante permettant d’expliquer la différence de densité entre le sol et l’intérieur des cavités, qui pourraient être un mélange de sable et de gravier présentant des vides d’air. Pour le moment, les archéologues ne parlent pas de nouveau tombeau mais d’une simple «anomalie». Les prochaines fouilles permettront peut-être d’en savoir plus.