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Archéologie

En Corse, des fouilles préventives mettent au jour un port de la fin de l’Antiquité

Les recherches menées en amont d’un projet immobilier ont révélé un aménagement portuaire vieux d’environ 1 600 ans dans la baie de Meria, d’après une étude de l’Inrap publiée mercredi 16 juillet.
Vue aérienne de la marine de Meria avec, au premier plan, le lieu des fouilles. (Nathalie Gonzalez/ Inrap)
publié le 18 juillet 2025 à 17h40

Le service régional de l’archéologie corse a eu le nez creux. Sur prescription de cette branche de la Direction régionale des affaires culturelle (Drac), des fouilles préventives avaient été lancées avant la construction d’une maison dans la baie de Meria, sur le cap Corse. L’initiative s’est avérée judicieuse. Une publication de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) a révélé, mercredi 16 juillet, qu’un port daté des IVe et Ve siècles se trouvait enfoui là où devait avoir lieu le chantier.

«Les caractéristiques morphologiques de cette construction et son positionnement à l’embouchure d’un cours d’eau et de la mer Tyrrhénienne laissent supposer qu’il puisse s’agir d’un petit aménagement portuaire», expliquent les équipes de l’Inrap, qui ont réalisé les fouilles préventives, une pratique menacée par la rigueur budgétaire. Les archéologues ont travaillé d’avril à mai sur une surface de 300 m2 dans cette zone située sur la rive méridionale du ruisseau de Meria, à 70 m du littoral de Haute-Corse. Si l’ouvrage mis au jour présente «un aspect plutôt fruste et rudimentaire» d’après les chercheurs, «son positionnement, ses caractéristiques morphologiques ainsi que les indices d’une superstructure en bois laissent supposer qu’il puisse s’agir d’un espace d’amarrage et de [dé]chargement tels qu’un quai et un appontement».

Une centaine d’objets métalliques collectée

Les monolithes, dont la longueur dépasse pour certains les 1,50 mètres en apparence, ont en effet été disposés de façon désordonnée. Mais l’ensemble demeure suffisamment structuré et a nécessité «un apport considérable de matériaux et une technique certaine». La présence de ces blocs n’a donc rien d’anodin et ces allées surélevées larges de 4 à 6 mètres pour une longueur observée de 13 mètres ont tous les aspects de pontons aménagés.

Des trous de poteaux ont en outre été identifiés sur la construction en pierre et illustrent «l’ancrage d’un aménagement en bois sur l’empierrement et le rocher», selon les chercheurs qui émettent l’hypothèse d’un «appontement en bois surplombant la plateforme».

Autres indices qui ont mis les archéologues sur la piste d’un port oublié, «près d’une centaine de petits objets métalliques a également été collectée». Parmi eux, des clous en bronze renforcent l’hypothèse d’une construction en bois. «Plusieurs objets en lien avec des activités halieutiques complètent le corpus» et pourraient eux aussi attester de l’utilisation de cette installation par des pêcheurs. Si d’autres recherches doivent encore avoir lieu, la mise au jour de ces vestiges représente déjà une découverte de taille, tant l’activité portuaire de l’Antiquité tardive demeure méconnue.