Dix bustes drapés en marbre, quatre autels en pierre, quatre pièces d’or… Toutes les œuvres sont venues de Florence et ont un point commun : elles représentent des femmes, ont été fabriquées en l’honneur de femmes, ou plus généralement disent quelque chose de l’histoire des femmes dans l’Empire romain. La nouvelle exposition temporaire du musée de la romanité, à Nîmes (Gard), veut mettre à l’honneur les «portraits et secrets de femmes romaines» – «impératrices, “matrones” et affranchies» –, à une époque où on ne se souvient que des figures masculines.
«On a mis “matrones” entre guillemets parce que le terme en français a une tout autre signification», nous explique Novella Lapini, commissaire de l’exposition et docteur en histoire du monde ancien en Italie. Il n’est pas question de sages-femmes ou de vieilles dames corpulentes ici, mais du modèle de la femme romaine idéale, respectable, femme fidèle et mère dévouée, qui administre les affaires du foyer et s’occupe bien sagement à tisser sa laine. C’est la seule image que l’on veut voir des femmes à l’époque antique. Et celles qui s’en éloignent, en s’occupant un peu trop du monde extérieur voire (quel affront !) de politique, finissent bien souvent exilées à l’autre bout de l’Empire, nous rappellent les panneaux de l’exposition, inaugurée cette semaine et qui durera jusqu’au 8 mars 2022. L’idée vient au départ de la galerie des Offices, à Florence, qui avait mis en avant cette sélection d’œuvres l’hiver dernier.