D’abord, un museau allongé, avec toutes ses dents, est délicatement extirpé d’une caisse, puis posé au sol sur un revêtement souple. Place au crâne, dont les deux trous béants laissent deviner la taille des globes oculaires de l’ancestrale bête. L’imposante ossature s’articule, vertèbre après vertèbre, jusqu’à la queue, toujours piégée dans la pierre.
En moins de dix minutes, Camille Auclair, restauratrice indépendante pour sa société Kraniata, est parvenue à assembler la vingtaine de pièces de son puzzle. Mains gantées sur les hanches, elle contemple l’immense fossile qu’elle vient de recréer grandeur nature au musée de Lodève (Hérault) vendredi 10 octobre : un crocodile marin long de 5 mètres et vieux de 180 millions d’années, unique en France.
«Il est dans un état de conservation et de complétude exceptionnel», se réjouit la trentenaire face au spécimen. Son compagnon et collègue, Sébastien Enault, lui aussi restaurateur, abonde : «C’est dans le top 10 des animaux que l’on a fait !» Il cite ensuite toute sorte de bestioles improbables, comme ce rarissime dauphin à deux têtes. Le squelette du crocodylomorphe, de son vrai nom, a fait l’objet de six mois de restauration par le duo de paléontologues, qui se consacrent à la préparation et à l’articulation de ces squelettes d’animaux, qu’ils soient actuels ou à l’état de fossiles.
«Cela peut très bien être une nouvelle espèce»
Alors qu’on s’attendait à voir des os complètement déterrés et nets, on s’étonne de voir ces gros blocs de roches posés au sol, dont le sq