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Archéologie

Italie : à Paestum, la découverte de deux temples doriques réinterroge les origines grecques du site antique

Le ministère de la Culture italien a annoncé ce samedi 13 janvier la découverte de deux temples, dont l’un date du VIe siècle avant J.-C.. Une révélation qui permettra d’instruire le début de la période grecque de ce site situé à 100 kilomètres au sud de Naples.
Le temple de Poséidon, à Paestum. (Oliviero Olivieri/Robert Harding.AFP)
publié le 13 janvier 2024 à 14h32

C’est une découverture importante dans l’un des sites antiques majeurs en Italie. A Paestum, deux nouveaux temples doriques ont été révélés par des fouilles dans le parc archéologique, a annoncé le ministère italien de la Culture ce samedi 13 janvier. «Ces découvertes […] ajoutent de nouvelles pièces fondamentales à la reconstitution de l’histoire archaïque de la colonie de Poseidonia de la Grande Grèce», a claironné la directrice du parc archéologique de Paestum et Velia, Tiziana D’Angelo. Situé à une centaine de kilomètres au sud de Naples, le site archéologique possède la particularité d’être une ancienne colonie grecque à partir du VIIe siècle avant J.-C., conquise par les Lucaniens puis les Romains au début du IIIe siècle avant notre ère, faisant ainsi cohabiter en un même lieu des vestiges de plusieurs civilisations. Mais c’est la première époque que les découvertes vont permettre d’instruire.

«Exceptionnelles»

La zone de fouille a lieu à proximité des remparts de la ville et à quelques centaines de mètres de la mer. Le premier temple, découvert en juin 2019 et étudié à partir de septembre 2022, remonte aux premières décennies du Ve siècle avant J.-C. et mesure 11,60 sur 7,60 mètres, avec un peristasis (colonnade extérieure) de quatre fois six colonnes. Seule une partie du stylobate, surface qui soutient les colonnes, et du crépidome, plateforme en gradins sur laquelle repose l’ensemble du bâtiment, est conservée.

Mais selon le ministère, l’histoire du sanctuaire semble encore plus ancienne. A l’intérieur de la structure du temple, sous le peristasis, se trouvent en effet quatorze fragments de chapiteaux doriques de taille similaire à ceux du petit temple exploré jusqu’à présent. Toutefois leur typologie est plutôt comparable à celle des chapiteaux du temple d’Héra I, dite «Basilique», le plus ancien des trois temples majeurs de Paestum. «Ces dernières découvertes exceptionnelles démontrent que nous sommes face à un autre temple, de dimensions modestes, mais présentant des caractéristiques architecturales similaires à celles des premiers grands temples de Paestum, que l’on peut dater du VIe siècle avant J.-C., précise le ministère de la Culture italien. Pour des raisons encore à déterminer, peut-être un effondrement au début du siècle suivant, cette structure fut remplacée, dans la même zone, par un nouveau temple.»

«Valorisation»

«Les récentes découvertes confirment combien il reste encore beaucoup à faire à Paestum en termes de fouilles, de recherche mais aussi en termes de valorisation», a déclaré ce samedi le ministre de la Culture d’extrême droite, Gennaro Sangiuliano, avant de s’attribuer une partie du mérite de ces fouilles, commencées un mois avant sa nomination. «Les activités de fouilles seront bientôt terminées et nous travaillons déjà à créer une nouvelle voie d’utilisation qui rende cet important sanctuaire accessible au public», a d’ailleurs précisé la directrice du parc archéologique, Tiziana D’Angelo.

Une découverte qui intervient dans une période faste pour ce site, qui forme avec Pompéi et Herculanum le triptyque antique de Campanie. Le parc archéologique de Paestum et Velia a en effet accueilli plus de 500 000 visiteurs en 2023 (+30 % en un an), ce qui en fait un record absolu pour le site. Et en plus de tous les vestiges déjà présents et des mozzarellas de prestige de cette région de bufflonnes, les visiteurs pourraient bientôt saisir encore un peu plus la vie à Paestum il y a plus de deux mille ans grâce aux deux temples doriques récemment révélés.