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Paléonthologie

Le «dragon-épée», fine lame marine du Jurassique, émerge après 190 millions d’années

Découvert en 2001 mais identifié vingt-quatre ans plus tard par des chercheurs britanniques, un squelette quasi complet comble d’importantes lacunes dans les connaissances de l’évolution de la faune des ichtyosaures.

Le squelette du «Xiphodracon goldencapensis», à l'université de Manchester, ce vendredi. (AFP)
Publié le 10/10/2025 à 18h52

On n’aurait pas aimé tomber nez à nez avec son long museau effilé. Des chercheurs britanniques ont identifié une nouvelle espèce de reptile marin préhistorique de la famille des ichtyosaures, baptisée «dragon-épée du Dorset», a annonce ce vendredi 10 octobre l’université de Manchester.

La découverte remonte à 2001, mais le reptile vient tout juste d’être identifié par une équipe de trois chercheurs de différentes nationalités. C’est un collectionneur qui le premier est tombé sur ce squelette quasi complet non loin de Golden Cap, une falaise située sur la «côte Jurassique» du Dorset. Cette région du sud de l’Angleterre est célèbre pour abriter de nombreux fossiles.

«Seul exemplaire connu»

«De la taille d’un dauphin», cet ichtyosaure répondant au doux nom de Xiphodracon goldencapensis est «le seul exemplaire connu de son espèce et contribue à combler une lacune importante» pour expliquer l’évolution de ses semblables, souligne un communiqué de l’université de Manchester.

Le squelette, qui appartient au musée royal d’Ontario (Canada), comprend un crâne doté d’une orbite énorme, et de l’impressionnant museau en forme d’épée dont il tire son nom (du grec ancien xyphos, l’épée). Dans une étude publiée jeudi dans la revue scientifique Papers of Paleontology, les trois scientifiques à l’origine de la découverte estiment que l’animal mesurait environ trois mètres, et se nourrissait de poissons et de calamars.

La «pièce manquante du puzzle»

Il s’agit probablement du reptile préhistorique datant du Pliensbachien, période du Jurassique inférieur – il y a entre 192 et 184 millions d’années –, le plus complet au monde. Le Xiphodracon représente la «pièce manquante du puzzle des ichtyosaures», qui fait le lien entre les espèces disparues au début de cette période et celles apparues ultérieurement, explique le professeur Lomax, l’un des coauteurs de l’étude, qui assure avoir su que ce fossile était spécial dès sa première observation, en 2016.

«Des milliers de squelettes d’ichtyosaures complets ou presque sont connus, provenant de strates antérieures et postérieures au Pliensbachien. Les deux faunes sont bien distinctes, sans aucune espèce en commun, précise la coautrice Judy Massare. Il est clair qu’un changement majeur dans la diversité des espèces s’est produit au cours du Pliensbachien. Xiphodracon permet de déterminer quand ce changement s’est produit». Les causes de ce changement demeurent inconnues ; peut-être le prochain fossile au nom de conte de fées permettra-t-il de résoudre ce mystère.