Un prédateur marin redoutable, de grandes dents, un profil imposant… Mais peut-être pas autant que ce que l’on imaginait. Publiée ce lundi 22 janvier dans la revue Palaeontologia Electronica, une étude décrit le mégalodon, une des plus grandes créatures des mers ayant jamais existé, comme plus mince que dépeint jusqu’alors.
Disparu des océans il y a 3,6 millions d’années, le mégalodon, de son nom scientifique Otodus megalodon, intrigue de nombreux chercheurs qui s’échinent, avec le peu de restes à leur disposition, à reconstituer son apparence et sa taille, estimée entre 15 et 20 mètres de long. Une marge d’erreur explicable par le petit nombre de fossiles restants, des dents et des assemblages de vertèbres incomplets.
Semblable au requin Mako
«Notre équipe a réexaminé le registre fossile et découvert que mégalodon était beaucoup plus mince» que supposé, a développé dans un communiqué le biologiste Phillip Sternes, de l’Université de Californie à Riverside. «Il n’en aurait pas moins été un formidable prédateur, au plus haut de la chaîne alimentaire marine», a ajouté l’auteur principal de l’étude. Plutôt que le profil imposant du grand requin blanc, l’animal aurait plutôt l’apparence de l’actuel requin Mako, bien plus élancé. En se fondant sur cette nouvelle analyse, les chercheurs lui assignent un comportement bien particulier. Il n’aurait ainsi pas eu besoin de chasser très souvent à cause d’un tube digestif très long, en accord avec sa grande taille.
A lire aussi
Cette apparence aurait pu aussi se révéler être un handicap, quand sont arrivés des prédateurs plus trapus mais aussi plus rapides que lui. Le mégalodon «n’était peut-être pas un nageur puissant», en comparaison avec le grand requin blanc, a déclaré un co-auteur de l’étude, Kenshu Shimada, paléobiologiste à l’université DePaul, à Chicago. Si une des théories expliquant l’extinction du mégalodon repose sur une raréfaction de ses proies, les chercheurs américains avancent désormais un autre scénario. «Une combinaison de facteurs a conduit à son extinction, mais l’un d’eux a pu être l’émergence du grand requin blanc, qui était peut-être plus agile, et donc un meilleur prédateur que Mégalodon», décrypte Phillip Sternes.
En fin de compte, avoir une représentation exacte de la véritable forme de l’animal exigerait de mettre la main sur un squelette plus complet que les rares éléments à la disposition des paléontologues. Kenshu Shimada se veut plus poétique : «Le fait que nous ne sachions pas précisément à quoi Otodus megalodon ressemblait, laisse libre cours à notre imagination.» Libre à chacun de se faire une idée de ce que pouvait être ce terrifiant monstre des mers.