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Sans prédateurs, les caméléons de Jackson se la pètent

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Une étude scientifique sur une espèce africaine introduite à Hawaï montre que la quasi-absence de prédation a permis aux reptiles une expression plus franche de leurs couleurs en comparaison de leurs congénères kenyans.
Une partie des caméléons de Jackson vit dans les forêts d’altitude au Kenya et en Tanzanie, d’où elle est originaire, tandis qu’un autre groupe a été introduit à Hawaï en 1972. (Matthijs Kuijpers/Biosphoto)
publié le 11 mai 2022 à 21h40

Le caméléon est associé dans nos esprits au camouflage : avec sa capacité incroyable à changer de couleur en un clin d’œil, il peut se fondre dans le décor en devenant vert comme les feuilles ou marron comme une branche. Mais en réalité, le besoin de se camoufler est assez secondaire. Les caméléons changent surtout de couleur selon leur humeur et les messages qu’ils veulent faire passer à leurs congénères, en arborant des robes les plus éclatantes possible quand il s’agit de se montrer impressionnant. Des chercheurs australiens ont même montré que les reptiles sont d’autant plus extravagants à l’abri du danger : ils affichent des couleurs plus vives en l’absence de prédateurs.

Les biologistes ont choisi d’étudier les caméléons de Jackson, car on en trouve sur deux territoires bien distincts. Une partie de cette espèce vit toujours dans les forêts d’altitude au Kenya et en Tanzanie, d’où elle est originaire, tandis qu’un autre groupe a été introduit sur l’île d’Oahu, à Hawaï, en 1972. Arrivés par bateau pour être vendus à des amateurs de reptiles, ces beaux caméléons verts à trois cornes se sont dispersés sur l’île et se sont rapidement reproduits. «Sur Oahu, il y a peu de prédateurs potentiels de caméléons», expliquent les chercheurs dans leur étude, parue ce mercredi dans Science Advances. «Il n’y a pas de serpents ni de rapaces mangeurs de lézards», et très peu d’autres ois