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Bien-être animal

Sciences : les poules aussi piquent un fard

Le Libé des animauxdossier
D’après une étude française, le rouge monterait aux joues des gallinacés en situation de stress ou d’excitation. Une nouvelle manière de mesurer le bien-être animal ?
(Vincent Feuray /Hans Lucas. AFP)
publié le 23 avril 2024 à 19h28

Observer le degré de rougeur des poules pour estimer la qualité de la relation qu’elles entretiennent avec les humains. C’est la proposition, très sérieuse, d’un groupe de scientifiques françaises dans une étude publiée le 21 avril, dans la revue Applied Animal Behaviour Science. Selon les chercheuses de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), Aline Bertin et Cécile Arnould, «les variations de la rougeur de la peau du visage reflètent les variations des états affectifs» des poules.

Leurs propos reposent sur les résultats de deux expériences. La première porte sur l’observation en vidéo pendant trois semaines de six poules de race Sussex âgées de 3 à 4 mois au cœur d’un verger de 363 m². En analysant les 18 000 clichés de ces gallinacés durant leurs activités, les chercheurs ont pu observer des différences de pigmentations sur la joue, le lobe d’oreille ou encore la crête. «Face à de la nourriture appétente [appétissante], comme les vers de farine, les poules rougissent mais deviennent écarlates sur toute la face lorsqu’elles vivent une expérience négative comme la capture. En revanche, dans un contexte de repos, leur peau apparaît beaucoup plus claire», résume l’Inrae.

Le stress apparaît aussi dans leurs larmes

Il restait ensuite à analyser la réaction des poules à la présence humaine. Les chercheurs ont donc pris 25 nouvelles poules, 13 habituées à la présence humaine dans leur entourage et 12 qui ne l’étaient pas. Lors des observations, les treize premières poules se montraient plus calmes, plus proches et moins rougeaudes que les douze autres lorsqu’elles étaient proches de l’expérimentateur. Des résultats similaires à ceux déjà observés par la même équipe chez l’Ara bleu [un perroquet]. Chez les poules, ces signes extérieurs de stress étaient accompagnés par une sécrétion accrue d’un marqueur chimique, l’immunoglobuline A, dans leurs larmes.

Si ces résultats restent préliminaires, notamment en raison du nombre, faible, d’observations, ils ouvrent la porte à un champ d’étude sur l’observation fine des comportements des poules. Les chercheuses veulent continuer d’explorer le rougissement lors des interactions sociales entre poules. Elles veulent aussi ouvrir leurs observations à d’autres signaux comme les mouvements de tête, ou l’expression de cette immunoglobuline A. Si l’aventure commence au coin de la rue, la recherche, elle, s’épanouit dans le poulailler.