Menu
Libération
Reportage

A Kourou, les descendants des bâtisseurs du «port spatial de l’Europe» s’efforcent de perpétuer la mémoire des leurs

Article réservé aux abonnés
Ariane 6 effectue son premier vol commercial ce lundi 3 mars. Qu’ils soient créoles, amérindiens ou bushinengues, les héritiers des premiers travailleurs du centre spatial guyanais s’efforcent de développer leur quartier.
Albert Samuels, le «capitaine» de la communauté du village Saramaka à Kourou, ancien bidonville où résident des ressortissants Guyanais bushinenge, et leur descendants, venus pour construire le centre spatial. (Zoé Dert Chopin)
par Zoé Dert-Chopin, Correspondance en Guyane
publié le 3 mars 2025 à 7h25

«J’ai tout appris ici.» De la Cité du stade de Kourou, à majorité créole, Xro Zulemaro connaît le moindre arbre fruitier. Il y a tout juste soixante ans, c’est là qu’ont été relogés les grands-parents de l’actuel président de l’association des habitants du quartier. Paysans du hameau de Malmanoury, «on leur a demandé manu militari de quitter les lieux», raconte-t-il, sur la base des souvenirs que lui livrait son aïeule. En 1964 en Guyane, l’Etat français réquisitionnait 75 000 hectares entre Kourou et Sinnamary pour ériger ce qui deviendra le «port spatial de l’Europe», sous l’égide du Centre national d’études spatiales (Cnes). Un an après, plus d’une centaine de familles subissaient l’expropriation. Les terrains attribués en compensation étant peu exploitables, beaucoup furent contraints de travailler pour le centre spatial. «On les a installés dans des cages à lapin», juge le quadragénaire.

«Une course contre la montre»

L’apparence de ces bâtisses a changé. En indivision, certaines sont maintenant abandonnées, d’autres squattées. «Selon les moyens et les besoins, elles ont été agrandies et rénovées, aux frais de leurs occupants», souligne Xro Zulemaro. En 2012, ce dernier achète l’une des maisons en mauvais état, «un choix de cœur». Depuis, il n’a plus qu’une idée en tête : relancer les campagnes publiques de réhabilitation, qui n’ont jusque-là concerné qu’une poignée d’habitations, pour permettre aux plus âgés de finir paisiblement leurs jours. «C’est une course co