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Bilan

Après une mise à jour, «Ariane 6» prête à redécoller dès décembre

Arianedossier
L’Agence spatiale européenne tire ce lundi 16 septembre un bilan très positif du premier décollage du lanceur lourd européen, début juillet à Kourou. Le prochain lancement devrait avoir lieu pour le compte de l’armée française d’ici la fin de l’année.
Lors du lancement le 9 juillet d'«Ariane 6», depuis Kourou en Guyane. (Jody Amiet/AFP)
publié le 16 septembre 2024 à 18h18

Deux mois après le vol inaugural d’Ariane 6, l’heure est venue d’en tirer le bilan. Le nouveau lanceur lourd européen s’était élevé dans le ciel de Kourou, en Guyane, le 9 juillet, bardé de dizaines de capteurs pour enregistrer le plus de données possibles sur le déroulement du vol : température, pression, fonctionnement de moteurs et des composants électroniques… La fusée était partie vers l’Est sans encombre et, après près d’une heure de vol, avait déployé dans l’espace une quinzaine de minisatellites.

«L’analyse des données de vol confirme que le comportement et les performances du véhicule ont été excellents, avec un nombre très limité de déviations par rapport aux prédictions», rapportent ce lundi 16 septembre l’Agence spatiale européenne, Arianespace, Arianegroup et le Cnes dans un communiqué commun. Le nouveau moteur – nommé Vinci – qui équipe l’étage supérieur de la fusée, notamment, a tenu toutes ses promesses. Il s’est allumé et éteint à plusieurs reprises au cours du vol (une nouveauté par rapport au moteur d’Ariane 5), de manière à pouvoir placer différents satellites sur différentes orbites.

Seule la toute dernière partie du vol ne s’est pas déroulée comme prévu. Après le déploiement des minisatellites, il fallait rallumer le groupe auxiliaire de puissance (ou APU, pour «auxiliary power unit») sur l’étage supérieur, c’est-à-dire les propulseurs qui permettent de corriger son orientation, d’ajuster finement la position du véhicule pour certaines manœuvres complexes de déploiement de satellites. Mais l’APU ne s’est pas allumé. Et les deux dernières charges utiles que transportait Ariane 6, des capsules qui devaient effectuer des mesures lors de leur rentrée dans l’atmosphère, n’ont pas pu être larguées.

Rien de très inquiétant, jugeait cet été ArianeGroup, constructeur de la fusée : cette dernière étape d’allumage de l’APU était une «phase de démonstration», censée tester pour la toute première fois des équipements en apesanteur, dans des conditions qu’on ne peut pas simuler au sol. «Il s’agissait de comprendre comment l’étage supérieur se comportait en micro-gravité», avait expliqué Martin Sion, président exécutif d’ArianeGroup.

Les causes de ce dysfonctionnement sont aujourd’hui comprises. «Une mesure de température a dépassé la limite prédéfinie, et le logiciel de vol a donc commandé une extinction» de l’APU, comme prévu en cas de surchauffe, détaille le communiqué. Des correctifs à apporter à la fusée ont été identifiés, pour que ce dépassement de température ne se reproduise plus : «La séquence de préparation à l’ignition va être changée dans le logiciel de vol, pour résoudre l’anomalie. Le logiciel mis à jour est déjà en cours de test et sera utilisé lors des prochains vols.»

La deuxième Ariane 6 devrait décoller en décembre, pour mettre en orbite le satellite militaire CSO-3 pour le compte du ministère des Armées. La mise à jour du logiciel est «assez facile» à implémenter avant cette date, a commenté Stéphane Israël, patron d’Arianespace (la société qui commercialise les vols des fusées Ariane) en conférence ce lundi. Pour l’instant, le planning ne change donc pas, et «nous verrons si on arrive à le tenir dans les semaines et mois qui viennent.»

Ensuite, le rythme devrait s’intensifier pour atteindre à terme douze vols par an. Le carnet de commandes d’Ariane 6 est déjà bien rempli avec une trentaine de missions à effectuer ces prochaines années, dont notamment cinq lancements pour Galileo (le GPS européen) et 18 lancements pour les satellites de communication Kuiper d’Amazon.