Le choc pourrait être violent. Estimé entre 40 et 90 mètres de large, cet astéroïde pourrait percuter la Terre le 22 décembre 2032, selon les estimations d’agences spatiales internationales et potentiellement causer des dommages considérables, comme détruire une ville. Le risque que cela arrive est estimé à 3,1 % par la Nasa.
Une prévision à prendre toutefois avec des pincettes car elle est fondée sur des données préliminaires et est amenée à évoluer dans les semaines et mois qui viennent, insistent des experts interrogés par l’AFP. «Je ne panique pas», assure ainsi à l’AFP Bruce Betts de l’organisation américaine Planetary Society, tout en appelant à surveiller de près l’astéroïde, découvert en décembre dernier grâce à un télescope situé au Chili et baptisé 2024 YR4.
Espace
A quel endroit du globe pourrait s’écraser YR4 ?
La zone d’impact possible comprend la partie orientale de l’océan Pacifique, le nord de l’Amérique du Sud, l’océan Atlantique, l’Afrique, la mer d’Arabie et l’Asie du Sud. Un périmètre qui devrait s’affiner au fil du temps. Si l’astéroïde venait à tomber en plein océan, la menace pour l’homme serait par exemple minime. Ce serait différent si c’était sur un continent, ou encore près d’une île ou des côtes, un tel impact faisant courir le risque d’un tsunami.
S’il venait à s’écraser sur Terre, son impact pourrait être 500 fois plus puissant que la bombe nucléaire d’Hiroshima, selon les estimations actuelles. De quoi détruire toute une ville par exemple, dit Bruce Betts. «S’il tombait au-dessus de Paris, Londres ou New York, cela anéantirait pratiquement toute la ville et une partie de la région environnante», explique-t-il. Les dommages pourraient ainsi «s’étendre jusqu’à 50 km du site d’impact», évalue un document du Réseau international d’alerte aux astéroïdes (IAWN).
Que signifie un risque de collision à 3,1 % ?
Il est «très rare que la probabilité (d’impact) dépasse les 1 %», relève le Bruce Betts de l’organisation américaine Planetary Society. Donc, bien que le risque de collision à 3,1 % soit aujourd’hui considéré comme faible, c’est le plus haut jamais enregistré en plus de deux décennies de surveillance d’objets célestes. Un tel événement est «très, très rare», explique à l’AFP Richard Moissl, chef du bureau de défense planétaire de l’Agence spatiale européenne (ESA), qui se veut toutefois rassurant : «Pour le grand public, il n’y a pas de danger pour le moment», affirme-t-il.
Au début des années 2000, l’astéroïde Apophis avait agité la communauté scientifique internationale avec ses 2,7 % de chances de frapper la Terre en 2029. Une probabilité d’impact qui était rapidement passée proche de zéro. De même, les prévisions sur 2024 YR4 devraient évoluer prochainement, à mesure que seront recueillies d’autres données permettant d’affiner sa trajectoire et son profil.
Les scientifiques comptent notamment sur le télescope spatial James Webb pour mener en mars des observations plus précises. Mais le temps presse car l’astéroïde est sur une orbite qui est en train de s’éloigner de la Terre. Il devrait ainsi disparaître de la vue des télescopes terrestres dans les prochains mois avant de redevenir observable en 2028, estiment les experts.
Pourrait-on dévier sa trajectoire ?
Selon leurs observations actuelles, 2024 YR4 serait de la même catégorie qu’un astéroïde s’étant écrasé en 1908 dans une région isolée de Sibérie, en raison de sa brillance. Cet événement, dit de Toungouska, mal documenté, aurait entraîné la destruction de centaines de milliers d’hectares de forêt. Si le risque qu’une telle catastrophe se produise dans près de huit ans venait à se confirmer, la communauté spatiale internationale pourrait envisager une mission pour dévier la trajectoire de l’astéroïde.
Les scientifiques travaillent depuis des années au développement de tels moyens de défense planétaire. En 2022, une mission de la Nasa a réussi à changer la trajectoire d’un astéroïde inoffensif en envoyant un vaisseau s’écraser dessus, une première digne d’un scénario hollywoodien. «Je ne vois pas pourquoi cela ne fonctionnerait pas à nouveau», assure Andrew Rivkin, astronome à l’université Johns Hopkins, reconnaissant toutefois que l’emploi de telles mesures, la plupart n’ayant encore jamais été testées dans l’espace, dépendrait du bon vouloir des pays disposant de moyens spatiaux.
Par ordre de comparaison, l’astéroïde ayant causé l’extinction des dinosaures il y a 66 millions d’années faisait plus de 10 km de diamètre.