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Le Libé des étoiles

En hiver, la Nuit des étoiles brille aussi

Le «Libé des étoiles»dossier
Jusqu’à dimanche sont organisées près de 100 manifestations partout en France pour s’initier à l’astronomie et découvrir le ciel. En vedette : Orion.
La grande nébuleuse d'Orion, dans la constellation du même nom, est facilement observable avec de simples jumelles en hiver. (Photo Oliver Gutiérrez Suárez , CC BY SA)
publié le 9 février 2023 à 8h02

A l’occasion des Nuits des étoiles d’hiver, Libération prend de la hauteur et décolle vers l’espace, avec le Libé des étoiles. Retrouvez dès ce jeudi soir tous les articles de cette édition ici, et le journal en kiosque de vendredi 10 à dimanche 12 février.

La Nuit des étoiles cartonne depuis maintenant plus de trente ans. Chaque été, les curieux et les rêveurs profitent des pluies d’étoiles filantes au début du mois d’août pour s’allonger sur un transat, guetter le ciel et faire un vœu. Les plus avides de découverte participent aux animations organisées par les observatoires et les clubs d’astronomie un peu partout en France, dans des champs reculés et préservés de la pollution lumineuse, ou des spots d’exception comme l’observatoire panoramique de la tour Montparnasse à Paris.

En 1991, c’est une émission diffusée simultanément sur Antenne 2 et France Inter qui a incité pour la toute première fois les Français à lever le nez vers les étoiles. Postés dans un théâtre antique près de Saint-André-de-Buèges (Hérault), les astrophysiciens Hubert Reeves et Daniel Kunth répondaient en direct aux questions des téléspectateurs et des auditeurs. Fort de son succès immédiat, l’événement a rapidement pris de l’ampleur avec des dizaines de nouveaux clubs d’astronomie s’y greffant année après année. Les manifestations sont coordonnées par l’Association française d’astronomie (AFA), qui a fini par se dire qu’on pourrait doubler sans peine la fréquence des festivités. C’est ainsi que sont arrivées en 2021 les premières «Nuits des étoiles d’hiver». Car la saison froide n’est pas moins indiquée que l’été pour observer la Voile lactée, bien au contraire !

Grand sablier

La nuit tombe plus tôt, donc on peut sortir le télescope dès le début de soirée pour une belle séance d’astronomie sans rogner sur le temps de sommeil. Mais si on attend 2 heures après le coucher du soleil, on gagne en qualité : le sol a fini de renvoyer la (faible) chaleur accumulée pendant la journée, et le ciel devient particulièrement limpide – plus qu’en été, où la chaleur réémise par le sol crée des turbulences atmosphériques qui brouillent l’air et font scintiller les étoiles. Enfin, «le ciel d’hiver est différent du ciel d’été, ce qui est assez méconnu et pas évident pour les néophytes», nous explique Maud Gourmez, responsable pédagogique à l’AFA. Les constellations visibles en première partie de nuit l’hiver ne sont pas les mêmes que les constellations estivales : adieu la Lyre, le Cygne et l’Aigle ; c’est Orion qui s’expose en majesté, ce grand sablier qui renferme une célèbre nébuleuse visible avec de simples jumelles.

Organisées du 9 au 12 février cette année, les Nuits des étoiles d’hiver proposent plus de 100 manifestations en France (contre une soixantaine l’an dernier), détaillées sur le site de l’AFA. L’association recevra par exemple les amateurs d’étoiles parisiens au pied de ses bureaux, dans le parc Montsouris à Paris, de 18h30 à 21h30. Quelques observatoires ouvrent leurs portes, comme celui de Visker-Biscarmiau (Hautes-Pyrénées) ou l’observatoire de Rouvroy-les-Merles (Oise) qui a l’un des plus gros télescopes amateurs de France. «C’était aussi une demande de notre réseau à l’échelle nationale, de créer de l’événement l’hiver, témoigne Maud Gourmez. Le terme de club d’astronomie peut faire peur : les gens pensent que ça représente un engagement sur le long terme, qu’on devra s’y rendre tous les vendredis soirs par exemple… Alors qu’on a plein de clubs qui ont l’habitude de faire des soirées grand public. Les Nuits des étoiles d’hiver permettent de mettre en lumière leur capacité à toucher tout le monde.» La première édition, arrivée en pleine période de Covid, a démarré doucement, et l’AFA se démène pour essayer de motiver ses troupes. «C’est une manifestation très jeune, et tout prend du temps quand c’est nouveau. L’hiver est un peu moins attractif pour le public parce qu’il fait froid, et il y a plus de chances qu’il fasse moche qu’en plein mois d’août. Ça peut rebuter les clubs de mettre en place une soirée qui finalement ne pourra pas avoir lieu, mais ça fait partie du jeu. L’autre grosse différence par rapport à l’été, c’est qu’on perd tous les animateurs qui interviennent dans le cadre des vacances, en mairie ou en centre de loisirs, dans des structures qui ne pratiquent pas l’astronomie à l’année.» Mais 2023 promet déjà d’être un bon cru : «On a presque doublé le nombre de manifestations par rapport à l’hiver dernier. Ce n’est pas mal du tout !»

Une tempête grande comme la Terre

Le programme des soirées d’observation va forcément varier selon les lieux. A la campagne, un ciel suffisamment noir va permettre d’observer les objets du «ciel profond» : amas d’étoiles, nébuleuses de gaz… En ville, la pollution lumineuse éclaircit le fond du ciel mais il est toujours possible d’observer les planètes, très brillantes. En ce début février, Vénus et Saturne se coucheront peu après le Soleil, puis Jupiter, haute dans le ciel, donnera à voir ses bandes nuageuses avec sa «Grande Tache Rouge» (une tempête grande comme la Terre) et ses quatre gros satellites. Mars sera aussi de la soirée, toute cuivrée, avec sa calotte polaire visible au télescope. Et en guise de surprise non anticipée, remarque Maud Gourmez, «on aura peut-être la chance de voir encore la comète C /2022 E3», détectée dans le ciel depuis janvier.

Tout le programme des Nuits des étoiles d’hiver est à retrouver sur le site de l’Association française d’astronomie: https://www.afastronomie.fr/ndeh2023