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Libération
Oh la belle bleue

La Nasa publie de spectaculaires nouvelles photos de l’énigmatique Uranus

Le télescope spatial James Webb a braqué son objectif sur Uranus, livrant des clichés de cette planète de glace étrange aux caractéristiques atmosphériques passionnantes, que la Nasa a rendu publics lundi 18 décembre «pour célébrer les vacances».
Cette image d'Uranus prise par la caméra NIRCam du télescope spatial James Webb de la Nasa montre la planète au milieu d'un ensemble de galaxies lointaines en arrière-plan. Cette image comprend également 14 des 27 lunes de la planète : Oberon, Titania, Umbriel, Juliet, Perdita, Rosalind, Puck, Belinda, Desdemona, Cressida, Ariel, Miranda, Bianca et Portia. (NASA)
publié le 20 décembre 2023 à 17h37

Aux confins du système solaire, une planète glaciale commence à révéler quelques-uns de ses secrets. James Webb, le télescope spatial de la Nasa a, depuis avril, braqué son objectif sur un des astres les plus énigmatiques du système solaire : Uranus. «Pour célébrer les vacances», l’agence spatiale américaine a décidé de publier, lundi 18 décembre, les photos les plus détaillées de la géante de glace, de ses anneaux, ses lunes et de sa turbulente atmosphère, loin de la représentation d’une boule uniformément bleu-vert à laquelle nous étions habitués.

En avril, l’explorateur métallique, dirigé par la Nasa en partenariat avec l’Agence spatiale européenne et l’Agence spatiale Canadienne, avait déjà utilisé ses capteurs infrarouges (longueur d’onde invisible pour l’œil humain) pour dévoiler une époustouflante version bicolore de la septième planète du système solaire et de ses anneaux. Ces clichés avaient complètement révisé les observations que la sonde Voyager 2 nous avait offertes après ses survols en 1986 et 1989, dont la caméra avait montré, dans les longueurs d’onde visibles, une boule presque sans caractéristiques, placide.

13 anneaux et une calotte glaciaire

Avec une sensibilité infrarouge accrue, James Webb a pu capturer les treize anneaux intérieurs et extérieurs d’Uranus, y compris l’insaisissable anneau Zeta – le plus proche de la planète connu pour être extrêmement faible et diffus. Le photographe métallique a également imagé 14 des 27 lunes connues de la planète.

Mais la découverte qui semble plus ravir la Nasa reste cette calotte glaciaire particulièrement lumineuse qui recouvre le pôle Nord de la planète. L’agence spatiale y pointe spécifiquement plusieurs tempêtes brillantes, révélant une atmosphère particulièrement agitée, bien loin du glaçon sans vie auparavant dépeint.

Grâce à James Webb, qui permettra aux astronomes de démêler les effets saisonniers et météorologiques qui influencent les tempêtes d’Uranus, les scientifiques de la Nasa pourront se pencher sur la structure atmosphérique d’Uranus pour en déceler les clés de compréhension de «notre propre système solaire dans son ensemble en le plaçant dans un contexte plus large» explique l’agence spatiale.

Cap sur Uranus

Uranus peut également servir d’indicateur pour l’étude des quelque 2 000 exoplanètes - les planètes qui se situent hors du système solaire - de taille similaire qui ont été découvertes au cours des dernières décennies. «Les exoplanètes de masse similaire [à Uranus] sont peut-être la classe la plus abondante d’exoplanètes, et une classe intrinsèquement différente des planètes riches en gaz comme Jupiter et Saturne», détaillait en 2022 un rapport remis à l’agence spatiale américaine par des planétologues et définissant les priorités spatiales pour les dix prochaines années. Cette «exoplanète dans notre jardin» peut aider les astronomes à comprendre le fonctionnement des planètes de cette taille, leur météorologie et leur formation.

Tous les détails mis au jour par ces clichés seront «d’une valeur inestimable pour la planification de futures missions vers Uranus» annonce l’agence spatiale. Car la Nasa compte bien y envoyer une sonde orbitale : l’agence prépare la mission «Uranus Orbiter and Probe» qui devrait être lancée en 2031 ou 2032.

Après treize ans de trajet et plus de deux milliards de kilomètres, la sonde resterait quelques années en orbite autour de la géante glacée pour engranger un maximum de données et d’images sur son atmosphère d’hydrogène et d’hélium, sa structure interne, ses 13 anneaux de poussière et ses 27 satellites naturels. Un long voyage en perspective.