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Débris spatiaux menaçant l’ISS : le Pentagone ouvre une enquête, la Russie suspectée

Des spécialistes spatiaux américains suspectent qu’un test de missile antisatellite conduit par la Russie soit à l’origine de l’événement.
La station spatiale internationale (ISS) photographiée d'un vaisseau Soyouz, le 4 octobre 2018. (Reuters)
publié le 15 novembre 2021 à 21h23

Que s’est-il passé dans l’espace ce lundi ? Un événement aux causes encore inconnues a entraîné la formation d’un nuage de débris. La masse, instable et menaçante, a contraint les astronautes à quitter la station spatiale internationale pour se cloîtrer dans leurs vaisseaux, prêts à évacuer en cas de péril. «Le commandement américain pour l’espace est au courant d’un événement ayant généré des débris dans l’espace. Nous travaillons activement à caractériser le champ de débris», a déclaré un porte-parole, qui a également indiqué que l’armée était en relation avec le département d’Etat et la Nasa sur ce dossier.

Certains spécialistes spatiaux américains suspectent qu’un test de missile antisatellite conduit par la Russie soit à l’origine de ces débris, des informations n’ayant pas été confirmées pour le moment. Une telle action, qui constituerait une démonstration de force de Moscou, a déjà été menée par quatre nations seulement par le passé, dont la Russie. Elle est très critiquée notamment à cause des nombreux débris générés, qui deviennent alors de dangereux projectiles.

Plus tôt, l’agence spatiale russe Roscosmos avait, elle, déclaré les astronautes à bord de l’ISS hors de danger, sans faire mention d’un possible test de missile. «L’orbite de l’objet, qui a forcé l’équipage aujourd’hui à se rendre dans le vaisseau selon les procédures standards, s’est éloignée de l’orbite de l’ISS», a tweeté Roscosmos. «La station est désormais dans le vert.»

«Les amis, tout est en ordre chez nous. On continue le travail selon notre programme», a également tweeté le cosmonaute russe à bord de l’ISS Anton Shkaplerov.

Evénement rare

Sept personnes se trouvent actuellement dans la Station spatiale internationale. Selon le média spécialisé Spaceflight Now, les astronautes de la Nasa Raja Chari, Kayla Barron et Tom Marshburn, ainsi que l’astronaute de l’agence spatiale européenne (ESA) Matthias Maurer, ont dû se réfugier dans la capsule Dragon de SpaceX, à bord de laquelle ils sont arrivés il y a seulement quelques jours.

L’astronaute américain Mark Vande Hei et les deux cosmonautes russes Anton Shkaplerov et Piotr Doubrov se sont, eux, rendus dans le vaisseau Soyouz. Cette procédure doit leur permettre de pouvoir quitter la Station spatiale vers la Terre en cas d’urgence.

Tous avaient regagné l’intérieur de l’ISS en milieu de journée lundi, de même source. «Des événements de débris causés par des tests antisatellites n’arrivent pas souvent, le dernier était un test indien» en mars 2019, a rappelé l’astronome Jonathan McDowell.

Selon lui, en déduisant les trajectoires de l’ISS et des objets à proximité, le satellite visé pourrait être un satellite nommé Cosmos 1408, qui n’est plus actif depuis les années 1980. «Le détruire n’était absolument pas nécessaire, a jugé le spécialiste. Nous avons déjà beaucoup trop de débris là-haut pour délibérément en générer d’autres, c’est inexcusable.» Pour Jonathan McDowell, certains débris provoqués par ce test se désintégreront en entrant dans l’atmosphère «dans les mois qui viennent», mais d’autres pourraient rester en orbite pendant des années.