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Espace

Fin de course au-dessus de l’océan indien pour la fusée chinoise

Un important segment de la fusée Longue-Marche 5B s’est désintégré près des Maldives ce dimanche matin. La descente correspond aux prévisions de certains experts.
Décollage de la fusée chinoise Longue-Marche 5B depuis la base de lancement de Wenchang, le 29 avril. (Pu Xiaoxu/AP)
publié le 8 mai 2021 à 11h40
(mis à jour le 9 mai 2021 à 10h37)

Le lieu de son atterrissage avait donné lieu à de vives spéculations. Le segment de la fusée chinoise dont le retour dans l’atmosphère était prévu pour ce week-end s’est désintégré dimanche matin au-dessus de l’océan indien, a annoncé l’agence spatiale chinoise. «Selon le suivi et l’analyse, à 10h24 (04h24 heure française) le 9 mai 2021, le premier étage de la fusée porteuse Longue-Marche 5B est entré dans l’atmosphère», a déclaré le Bureau chinois d’ingénierie spatiale habitée dans un communiqué, fournissant les coordonnées d’un point se situant dans l’océan Indien près des Maldives. La majeure partie de ce segment de la fusée - qui avait placé le 29 avril sur orbite le premier module de sa station spatiale - s’est désintégrée et a été détruite en entrant dans l’atmosphère, a-t-il ajouté.

Le centre de l’armée américaine de commandement de l’espace a indiqué que la fusée «est entrée au-dessus de la péninsule arabique à environ 02h15 GMT [4h15 heure française] dimanche». «On ignore si les débris ont touché la terre ou l’eau», a-t-il précisé. Space-Track, qui a utilisé des données militaires américaines, a précisé qu’au-dessus de l’ Arabie saoudite était l’endroit où les systèmes américains ont enregistré sa présence pour la dernière fois. «Les opérateurs confirment que la fusée est en réalité entrée dans l’océan Indien au nord des Maldives», a-t-il tweeté.

Demandes de nouvelle conception de la fusée

Le point d’arrivée du segment correspond aux prévisions de certains experts, qui avaient insisté sur le fait que les chances que les débris tombent en mer étaient importantes, la planète étant couverte à 70 % d’eau. Malgré la faible probabilité statistique, l’entrée incontrôlée d’un objet de cette taille avait suscité des inquiétudes quant aux dommages et aux éventuelles victimes. «La probabilité de causer des dommages aux activités aériennes ou (aux personnes, constructions et activités) au sol est extrêmement faible», avait tempéré la semaine dernière Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, avait assuré cette semaine que son pays n’avait aucune intention de détruire la fusée. Il a toutefois laissé entendre que son lancement n’avait pas été planifié avec suffisamment de soin par la Chine. Les autorités spatiales américaines et européennes ont suivi avec attention la situation, tentant de déterminer quand et où elle pourrait retomber.

L’entrée dans l’atmosphère dégage une immense chaleur et provoque des frictions, des segments peuvent alors brûler et se désintégrer. Cependant, les plus gros, comme le Long March-5B, peuvent ne pas être entièrement détruits. Leurs débris peuvent alors atterrir à la surface de la planète et causer des dommages et faire des victimes, même si ce risque est faible.

En 2020, des débris d’une autre fusée Longue-Marche s’étaient écrasés sur des villages en Côte d’Ivoire, provoquant des dégâts, mais sans faire de blessés. L’incertitude et les risques d’une telle rentrée ont suscité des accusations selon lesquelles Pékin aurait agi de manière irresponsable. «Il semble que la Chine ait gagné son pari [à moins que nous n’ayons des nouvelles de débris aux Maldives]. Mais c’était quand même imprudent», a tweeté Jonathan McDowell, un astronome basé à Harvard. Pour éviter un scénario catastrophe, des experts ont recommandé une nouvelle conception de la fusée Longue Marche-5B, qui n’a pas actuellement la capacité de contrôler sa descente d’orbite.