Cela fait des décennies qu’on étudie la vie des étoiles avec les meilleurs télescopes du monde, mais ça, on ne l’avait encore jamais vu : un astre qui explose partiellement, recrache un énorme morceau de matière, puis passe plusieurs années en convalescence comme s’il n’arrivait pas à s’en remettre. C’est exactement ce qui est en train d’arriver à Bételgeuse, que les observateurs du ciel nocturne connaissent bien : c’est l’étoile orange vif qui est en haut à gauche de la constellation d’Orion, visible toute la nuit en hiver aux latitudes de métropoles françaises. Située à environ 500 années lumières de la Terre, sa lumière met donc environ 500 ans a nous parvenir – on l’observe, avec nos yeux ou nos télescopes, telle qu’elle était il y a cinq siècles.
L’incident s’est produit en octobre 2019. Assez brusquement, l’étoile habituellement si brillante a perdu son éclat. Elle est devenue terne et discrète à l’œil nu. Au télescope, on a pu mesurer la dégringolade : sa luminosité apparente a chuté d’un facteur 2,5. On aurait pu se demander si Bételgeuse était à l’article de la mort. Cette supergéante rouge est une étoile vieillissante qui a démesurément gonflé après avoir brûlé tout l’hydrogène au cœur de ses réserves. Elle devrait bientôt (dans quelques années, décennies, siècles, millénaires ?) finir sa vie en expulsant violemment ses couches