Une nouvelle sonde spatiale. La Nasa a présenté jeudi 11 avril Clipper, dont le but est d’explorer Europe, l’une des principales lunes de Jupiter. D’une valeur de 5 milliards de dollars, Clipper doit partir en octobre à bord d’une fusée Falcon Heavy de Space X pour un voyage de plus de cinq ans. Après un petit détour par Mars, elle entrera en orbite autour de Jupiter et Europe en 2031. L’objectif reste toujours le même : découvrir des traces de vie extraterrestre. «Ce serait [une avancée] énorme pour comprendre à quel point la vie est répandue dans l’univers», explique Bob Pappalardo, scientifique de la mission Juice. La mission européenne est déjà partie en 2023 pour explorer les trois lunes glacées de la plus grande planète du Système solaire – Europe, Callisto et Ganymède.
L’engin est pour le moment conservé dans une chambre stérile du Jet Propulsion Laboratory de la Nasa, en Californie, accessible uniquement au personnel couvert de la tête aux pieds. Toutes les précautions sont prises pour que la sonde n’apporte aucun microbe terrien sur Europe. Une fois en orbite, Clipper entamera une inspection détaillée de ce satellite de Jupiter, d’une taille comparable à la Lune, que les scientifiques croient recouvert d’eau gelée. «Nous avons des instruments, comme des caméras, des spectromètres, un magnétomètre et un radar qui peuvent […] pénétrer la glace, rebondir sur l’eau liquide et revenir à la surface pour nous indiquer à quel point la glace est épaisse et où l’eau liquide se situe», poursuit Bob Pappalardo. Le but est aussi de cartographier la surface d’Europe pour voir si une future mission pourrait, ou pas, se poser sur le satellite.
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A défaut d’une civilisation extraterrestre, les responsables de la mission seraient déjà ravis de trouver des conditions favorables à la vie. Ils savent que même par des climats extrêmes sur Terre, sous la calotte glaciaire dans des milieux sans lumière, de petites formes de vie peuvent exister. «Si les lunes autour des planètes éloignées des étoiles pouvaient héberger la vie, alors le nombre de possibilités dans le Système solaire, dans l’univers, que la vie soit présente, augmente drastiquement, je pense», estime Jordan Evans, chef de projet pour la mission Europa Clipper.
Crash prévu en 2034
L’étude d’Europe est rendue difficile par le puissant champ de radiations englobant le satellite naturel de Jupiter et susceptible d’abîmer les instruments de Clipper. C’est l’équivalent de 100 000 radiographies du thorax à chaque révolution autour de son objectif. La distance pose problème aussi. Les données de la sonde mettront quarante-cinq minutes à arriver au poste de contrôle, sur Terre. Les panneaux solaires présents sur la sonde «pourraient alimenter 20 maisons en continu» sur Terre, mais seulement «quelques ampoules et petits appareils» près de Jupiter, du fait de l’éloignement de la planète vis-à-vis du Soleil, explique Jordan Evans. Un éloignement qui peut rendre délicat la gestion des problèmes. Les opérateurs de la mission précédente Juice ont ainsi dû réaliser une opération de réparation à distance pour décoincer l’antenne radar qui peinait à se déployer.
La mission, dont la planification a commencé à la fin des années 90, doit se terminer vers 2034, quand Clipper aura atteint la fin de sa durée de vie utile, par un crash contrôlé. «Quand nous en aurons terminé avec la mission scientifique, la façon d’en finir est de s’écraser sur l’un des autres corps [célestes] du système jovien à disposition de l’appareil», déclare Tim Larson, chef adjoint du projet. «Pour l’instant», la Nasa prévoit de précipiter la sonde contre Ganymède, le plus gros satellite naturel de Jupiter.