Ce week-end, levez la tête la nuit. Les plus chanceux observateurs du ciel pourront contempler 50 à 100 étoiles filantes par heure, à l’occasion du pic de la pluie des Perséides, qui a lieu chaque année entre mi-juillet et fin août. Pour marquer le coup, l’Association française d’astronomie (AFA) organise sa 34e édition des Nuits des étoiles avec des rassemblements partout en France. Libération vous livre les clés pour observer, à coup sûr, étoiles filantes, planètes et autres galaxies.
Pourquoi le mois d’août est-il propice à l’observation du ciel étoilé ?
En s’approchant périodiquement du soleil (la dernière fois remonte à 1992), la comète Swift-Tuttle se fragmente et laisse dans son sillage un essaim de poussières, que l’on a nommé «Perséides». Tous les ans, entre la mi-juillet et la mi-août, la Terre traverse cet amas dont les fragments, au contact de l’atmosphère terrestre, se transforment en étoiles filantes – le week-end du 9 au 11 août constituant le pic de ces formations lumineuses dans le ciel.
Que va-t-on voir ?
Beaucoup d’étoiles filantes. Avec des températures douces d’une soirée d’été, un petit croissant de lune faible en luminosité et aucun nuage à l’horizon, les nuits du 9, 10 et 11 août semblent réunir les conditions parfaites pour observer des centaines de comètes dès la tombée de la nuit. «Et même dès ce soir [jeudi 8 août], on peut tout à fait observer quelques étoiles filantes», sourit Clément Plantureux, co-organisateur des Nuits des Etoiles. Dans des conditions particulièrement optimales (aucune pollution lumineuse et un ciel parfaitement dégagé) et un télescope, le ciel profond vous ouvre ses portes, avec ses galaxies, amas d’étoiles et nébuleuses.
Mais ce n’est pas tout. Deux autres moments forts viendront ponctuer ces nuits étoilées : l’apparition de Saturne d’abord, puis de Mars et Jupiter ensuite. La première se dressera dans le ciel en tout début de soirée, vers 22h30. «Saturne est toujours très sympa à regarder, on peut discerner ses anneaux au travers d’une lunette ou d’un télescope», précise le fan d’astronomie. Pour les plus courageux, Mars et Jupiter se lèveront ensemble à partir de 3 heures du matin. Là aussi, Clément Plantureux ne tarit pas d’éloge sur les deux planètes : «On peut observer la couleur rougeâtre de Mars et, avec un instrument relativement puissant, ses structures géologiques. Sur Jupiter, on peut distinguer ses différentes bandes gazeuses colorées et même ses lunes galiléennes ! Evidemment, il n’est pas possible de voir tout ça à l’œil nu.»
Comment faire sans équipement ?
Cette année, 575 rassemblements sont prévus partout en France (disponibles sur ce lien) par des associations et clubs d’astronomie. Un record. Dans un parc, champ ou tout simplement loin d’une source lumineuse, des animateurs seront présents pour guider les amateurs d’astronomie, qu’ils soient novices ou experts. Avec eux, des instruments tels que des lunettes ou des télescopes seront mis gratuitement à la disposition du public. «C’est le principal objectif de la soirée», rassure Clément Plantureux. Aucune préparation en amont de l’événement n’est donc nécessaire pour y participer.
Pour ceux qui préfèrent se la jouer solo, ou qui n’ont aucun événement organisé près de chez eux, pas de panique. Des cartes, disponibles sur le site de l’AFA, permettent de se repérer dans le ciel et d’observer les planètes, même sans télescope. Pour les reconnaître, rien de plus simple : ce sont des corps lumineux, mais qui ne scintillent pas, au contraire des étoiles. Les comètes seront largement visibles à l’œil nu. Clément Plantureux conseille également de laisser son téléphone de côté. Dix à quinze minutes : c’est le temps qu’il faut à nos yeux pour s’habituer à l’obscurité et capter la faible lumière des étoiles. Un coup d’œil rapide vers un écran et c’est foutu, il faut recommencer. Toute source lumineuse est bonne à éviter.
Et si je vis en ville ?
Que ce soit Paris, Lyon, Marseille ou une petite ville, la pollution lumineuse gâchera un peu tout ce qu’il est possible de voir. En pleine campagne, dans un ciel nocturne bien sombre, l’œil est capable de voir environ 3 000 étoiles, contre seulement 200 au cœur de la pollution lumineuse parisienne. Dans la capitale, rendez-vous a été donné au parc Montsouris dans le XIVe arrondissement, où il y a «assez peu de sources lumineuses car nous serons entourés d’arbres», indique Clément Plantureux. Si un lampadaire se trouve juste à côté, il faut lui tourner le dos. Chez soi, éteindre toutes les lumières… «Mais effectivement, en pleine ville, on ne pourra pas tout voir. Même les étoiles filantes, ce sera compliqué, uniquement les plus grosses s’il y en a», complète-t-il. Impossible d’observer la Voie lactée. Mais pour les planètes, aucun problème.
Heureusement, il existe en France cinq réserves internationales de ciel étoilé pour les plus téméraires, comme le Pic du Midi dans les Pyrénées, le parc national des Cévennes ou encore dans le Mercantour. Un gage de qualité du ciel nocturne et de l’engagement des communes à réduire leur pollution lumineuse. Car depuis des années, la visibilité des astres a fortement diminué, du fait de l’action humaine, et avec, ses conséquences sur les plantes et les animaux.
Mais en France, «ça va de mieux en mieux !, note Clément Plantureux. Les villes éteignent leurs lumières la nuit, les vitrines des magasins et les publicités lumineuses, ce qui améliore la qualité du ciel.» D’après une analyse du bureau DarkSkyLab publiée en juin dernier, entre 2022 et 2023, les niveaux de radiance (rayonnement lumineux émis depuis le sol) détectés par satellite, ont baissé de 25,4 % en France métropolitaine. C’est mieux que partout ailleurs dans le monde. De quoi espérer observer étoiles filantes, planètes et autres galaxies cette année.