Comment observer les rayons du Soleil sans être ébloui ? Il n’y a pas 36 solutions : il faut masquer la surface du disque solaire, trop lumineuse, pour espérer voir apparaître sa couronne, c’est-à-dire l’atmosphère qui l’entoure. L’occasion se présente naturellement quand on a la chance de voir une éclipse solaire totale : c’est la Lune qui sert de cache, en se plaçant juste à la bonne distance entre nos yeux et le Soleil. L’espace de quelques minutes, on peut alors voir se détacher dans le noir de vrais «rayons» qui s’échappent de notre étoile, presque comme sur un dessin d’enfant.
Et quand il n’y a pas d’éclipse ? Eh bien, on la simule. C’est ainsi qu’est née la coronographie, une méthode d’observation astronomique qui consiste à cacher le Soleil pour observer son atmosphère. L’astronome français Bernard Lyot a développé le premier coronographe en 1931, en ajoutant un petit disque occulteur à l’intérieur d’un télescope, et l’a utilisé à l’Observatoire du pic du Midi pour obtenir la première image, grossière, de la couronne solaire avec ses irrégularités. Presque un siècle plus tard, l’Agence spatiale européenne (ESA) inaugure une technique encore plus ambitieuse pour améliorer la finesse des observations : envoyer deux satellites dans l’espace, dont l’un servira de cache et l’autre de télescope.
Duo parfaitement synchronisé
La mission Proba-3 doit décoller ce jeudi 5 décembre, à 11h42 heure de Paris, depuis le centre spat