C’est parti pour la mission Crew-2 ! La nouvelle capsule de SpaceX, la Crew Dragon, s’est élancée dans la nuit du centre spatial Kennedy en Floride à 5h49 (11h49 à Paris) ce vendredi. Initialement prévu jeudi, le décollage avait dû être reporté d’une journée à cause «de conditions météorologiques défavorables». Mais ce matin à 2h20 (9h30 à Paris) le Français Thomas Pesquet, les Américains Shane Kimbrough et Megan McArthur, et le Japonais Akihiko Hoshide ont pu dire au revoir à leurs proches avant de monter à bord des trois Tesla blanches (une tradition pour SpaceX), qui les ont emmenés vers l’aire de lancement.
Engoncés dans la capsule plusieurs heures avant le départ, les quatre astronautes devraient s’amarrer à la Station spatiale internationale (ISS) samedi à 5h09 (11h09 à Paris). Une fois en orbite autour de la Terre, il faudra dix-huit heures au Crew Dragon pour rejoindre l’ISS. Le voyage peut paraître long, alors que l’orbite de l’ISS n’est située qu’à environ 400 km de la surface terrestre. Mais la manœuvre n’est pas des plus simple… L’ISS se déplace en effet à une vitesse vertigineuse : 27 600 kilomètres à l’heure ! Ce qui lui permet de faire le tour de notre planète en quatre-vingt-dix minutes. Si la capsule de SpaceX a atteint en une dizaine de minutes l’orbite terrestre, elle devra réaliser plusieurs fois le tour de la Terre pour se rapprocher progressivement (et en douceur) de l’ISS.
#Crew2 now unsuited in shirtsleeve environment after two orbits around Earth. @Thom_astro gives the inflight tour! https://t.co/XXQxfbLwff
— ESA (@esa) April 23, 2021
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SpaceX se frotte les mains
C’est la première fois qu’un vol en direction de l’ISS réutilise un propulseur ayant déjà servi lors d’une mission test non-habitée. Le vaisseau spatial Crew Dragon est par ailleurs le même que celui du vol d’essai habité réalisé au mois de mai. L’entreprise du milliardaire Elon Musk est donc une des grandes gagnantes de l’opération. Tandis que la capsule Starliner de Boeing cumule les retards dans ses vols tests, SpaceX a réussi à briser le monopole des vols habités vers l’ISS jusque-là détenu par les Russes et leur agence spatiale Roscosmos avec leur capsule Soyouz. Les Américains reviennent donc aujourd’hui sur le devant de la scène, la Nasa ayant perdu son propre moyen de transport avec l’arrêt des navettes spatiales Shuttle en 2011.
L’autre grand gagnant de cette mission surnommée «Alpha» par l’agence spatiale européenne (ESA), en référence à Alpha du Centaure, le système stellaire le plus proche de notre système solaire, n’est autre que notre astronaute national Thomas Pesquet. Promu en 2009 dans la première classe d’astronautes européens, le Français de 43 ans n’est ni plus ni moins que le premier Européen à embarquer à bord de la capsule de SpaceX et à décoller du sol américain depuis dix ans. Il aura également l’honneur d’être le premier tricolore à diriger la Station spatiale internationale.
Le Français et ses compagnons de voyage ne vont pas chômer durant leur séjour de six mois dans l’espace. Ces derniers vont mener des dizaines d’expériences en micropesanteur, sans oublier l’entretien de la station vieillissante, les sorties extra-véhiculaires et les deux heures d’exercice physique par jour qui leur permettront de tester un casque de réalité virtuelle.
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Objectif Lune
«C’est important pour nous en tant qu’agence [spatiale] parce que nous faisons partie du programme de l’ISS depuis vingt ans maintenant et nous comptons participer à ce qui va se passer ensuite», expliquait Thomas Pesquet avant son départ. Le Français fait ici référence au programme de vol habité vers la Lune intitulé Artémis et dirigée par la Nasa. Avec la mission Artemis III, l’agence spatiale américaine souhaite faire atterrir des astronautes sur la Lune si possible dès 2024, puis se servir de cette expérience pour lancer l’exploration humaine de Mars. Les Américains prévoient ainsi la construction d’une station spatiale en orbite autour du satellite : la Lunar Gateway. Alors que les Russes et les Chinois comptent faire bande à part, les Européens s’allient aux Américains pour construire la future station en orbite lunaire, puisque l’ESA fournira près de 50% de ses modules.
En attendant, pour la mission du jour, les quatre astronautes devront cohabiter sur l’ISS pendant quelques jours avec l’équipe de Crew-1, partie en novembre, avant qu’elle-même ne rentre de sa mission de six mois. La station va donc être inhabituellement pleine, avec pas moins de onze personnes à son bord. «Nos amis à bord de l’ISS nous attendent et on ne voudrait pas être en retard, a tweeté Thomas Pesquet. Ils ont préparé ma chambre très récemment et ont littéralement fait mon lit. Une chambre d’hôte cinq étoiles.»
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