S’il ne s’agit pas encore d’une preuve que la vie a un jour existé sur Mars, le rover Perseverance vient de franchir une étape majeure avec la collecte d’échantillons contenant de potentielles biosignatures dont la nature devra être confirmée une fois sur Terre. «Je pense qu’on peut dire qu’il va s’agir, et qu’il s’agit déjà, des échantillons de roche les plus précieux jamais collectés», s’est aussitôt enflammé David Shuster, professeur à l’université de Californie Berkeley, lors d’une conférence de presse jeudi. «Je trouve personnellement ces résultats très émouvants, car il semble que nous soyons au bon endroit, avec les bons instruments, à un moment charnière», a abondé Sunanda Sharma, scientifique au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa.
L’objectif initial de la mission était de répondre à l’une des questions que tout le monde se pose : y a-t-il de la vie sur la planète rouge ? Les prélèvements effectués représentent la meilleure chance jusqu’ici de pouvoir un jour arriver à détecter avec certitude une possible ancienne vie microbienne. Une biosignature potentielle peut avoir été produite par la présence de vie, mais aussi par un autre mécanisme n’impliquant pas la vie. Pour considérer cette biosignature comme définitive, ces échantillons devront être analysés par de puissants instruments de laboratoire. Et donc, être rapatriés sur Terre. Une opération complexe. La Nasa prévoit déjà de lancer une prochaine mission pour les rapporter, normalement d’ici dix ans.
A lire aussi
Deux carottes grandes comme un petit doigt, et conservées dans des tubes scellés à bord du rover, ont été prélevées en perçant dans une roche baptisée «Wildcat ridge». Grande d’environ un mètre, elle est située dans un delta s’étant formé il y a environ 3,5 milliards d’années, à la rencontre d’une rivière et d’un ancien lac. Cette roche est particulièrement intéressante car il s’agit d’une roche sédimentaire, qui semble s’être formée au moment où l’eau du lac s’est évaporée.
Mission récupération
Analysée séparément par un instrument au bout du bras robotique de Perseverance, la roche a révélé la présence la plus abondante de composés organiques détectée en un an et demi de mission. Ces composés -faits notamment de carbone, et pouvant aussi contenir de l’hydrogène- «sont les éléments de base de la vie», a déclaré Ken Farley, en charge de la partie scientifique de la mission.
Au fond d’un cratère, le robot a aussi trouvé des roches ignées, c’est-à-dire «des roches cristallisées après avoir fondu». Cette découverte indique «un volcanisme actif», et qu’avant d’accueillir de l’eau, le cratère a possiblement été rempli «d’un lac de lave», expose Ken Farley.
Récupérer ces échantillons ne sera pas une mince affaire. En 2028, une mission décollera en direction de Mars. Elle transportera un atterrisseur, avec sur son dos une mini-fusée. Le rover Perseverance roulera jusqu’à lui, et les échantillons seront placés dans la mini-fusée par un bras robotique. Puis celle-ci décollera, et la précieuse cargaison sera transférée dans un vaisseau préalablement placé en orbite autour de Mars. Une fois les échantillons récupérés, cet orbiteur reprendra le chemin de la Terre, pour un atterrissage dans le désert de l’Utah, en 2033. En cas de défaillance de Perseverance, l’atterrisseur enverra deux petits hélicoptères récupérer les échantillons, en allant soit jusqu’au rover lui-même, soit à une réserve de secours.