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Libération
X-Day

Après le soutien de Musk à l’extrême droite allemande, le mémorial de Caen quitte X, «une usine à chaos»

Le directeur du musée calvadosien, spécialiste de l’histoire du XXe siècle, a annoncé lundi 6 janvier la suppression de son compte sur le réseau social, propriété du milliardaire.
Le Mémorial de Caen, dans le Calvados. (Ludovic Maisant/Hemis. AFP)
publié le 6 janvier 2025 à 19h02

«Au Mémorial [de Caen], nous savons à quoi les nationalismes aboutissent.» Les équipes du musée calvadosien de Caen ont supprimé lundi 6 janvier le compte du musée sur le réseau social X, une plateforme devenue «incompatible avec ses valeurs et son projet culturel» selon son directeur Kléber Arhoul.

C’est d’abord le réseau d’Elon Musk, qui est visé. Une «usine à chaos» où la connaissance est «inaudible» à ceux qui ne cherchent qu’à «attiser les haines et ne s’intéressent au passé que pour mieux enflammer notre présent», déplore le responsable, arrivé en décembre 2022 à la tête de l’institution. «Diffuser le savoir, c’est embrasser des valeurs de démocratie, de tolérance, de respect de l’altérité auxquelles la plateforme d’Elon Musk tourne aujourd’hui délibérément le dos.» X est en effet accusé régulièrement de propager de la désinformation, sous couvert de protection de la liberté d’expression.

«Elon Musk a le projet politique de fédérer les partis réactionnaires»

«Maintenir aujourd’hui notre présence sur X, ce serait trahir ces principes et nuire à cette mission», juge le directeur du musée spécialisé dans l’histoire du XXe siècle, qui a accueilli 475 000 visiteurs en 2024. Une décision qui illustre le caractère «urgent» de choisir «avec soin des tribunes qui permettent véritablement d’adresser à tous un discours de vérité». Un choix qui s’inscrit dans un mouvement de désaffection croissante vis-à-vis du réseau social. Des médias – The Guardian, Ouest France, Mediapart , des personnalités en tout genre ou des organisations telles que Greenpeace ont ainsi suspendu leurs publications ou supprimé leur compte depuis l’arrivée du milliardaire à la tête de X.

Au Mémorial, les orientations politiques du propriétaire de Tesla sont évidemment pointées du doigt. «C’est une décision mûrement réfléchie et confirmée par les récentes insultes d’Elon Musk envers le chancelier allemand», a déclaré le responsable à l’AFP, ajoutant : «Je prends acte qu’Elon Musk a le projet politique de fédérer les partis réactionnaires». Au dernier rang desquelles, l’AFD, formation allemande d’extrême droite fondée par des néonazis, dont le patron de space X a jugé dans une tribune qu’elle était «la dernière lueur d’espoir» pour l’Allemagne. Un soutien qui fait suite aux fonds versés au parti europhobe et nationaliste Reform party au Royaume-Uni et, bien sûr, son soutien sans réserve à Donald Trump, pour qui il va même remplir une mission afin d’améliorer «l’efficacité gouvernementale».