Menu
Libération
Archéologie

Au Pérou, une citadelle de la civilisation la plus ancienne d’Amérique dévoile ses secrets

Le site de Peñico, vieux de près de quatre millénaires et important centre d’échanges commerciaux à l’époque précolombienne, a été érigé par la civilisation Caral. Celle-ci se serait effondrée notamment à cause d’un changement climatique.
La citadelle de Peñico sur une photo diffusée le 7 juillet 2025. (HANDOUT/AFP)
publié le 12 juillet 2025 à 17h43

Après huit ans d’études et de travaux de restauration, une citadelle de 3 800 ans de la civilisation Caral, la plus ancienne d’Amérique et l’une des plus vieilles au monde, a ouvert ce samedi 12 juillet ses portes au public au Pérou. Les chercheurs estiment que ce nouveau site archéologique, appelé Peñico, a été érigé à la même époque que les premières civilisations au Moyen-Orient et en Asie.

Le lieu, qui n’était qu’un paysage de collines avant le début des travaux d’exploration en 2017, est considéré comme «la ville de l’intégration sociale». Il était en effet le point de rencontre pour les échanges commerciaux entre les premières communautés de la côte du Pacifique et celles venant des Andes et des régions amazoniennes.

«C’est un centre urbain organisé qui était consacré à l’agriculture et aux échanges commerciaux entre la côte, la montagne et la forêt», a déclaré l’archéologue Ruth Shady, qui dirige les recherches sur la civilisation Caral. «Son ancienneté est de 1 800 à 1 500 ans avant Jésus-Christ», a-t-elle ajouté.

Peñico est située dans le nord du Pérou, dans la vallée de Supe, à 182 km au nord de la capitale péruvienne Lima et à une vingtaine de km de l’océan Pacifique. Le site a été construit sur une terrasse géologique à 600 m au-dessus du niveau de la mer, parallèlement à une rivière pour éviter les inondations.

Développée entre les années 3000 et 1800 avant J.-C., la civilisation Caral est considérée comme la culture mère de l’Amérique. L’importance historique de ce site réside dans l’apport d’éléments qui doivent permettre de mieux comprendre la crise qu’a affrontée cette société précolombienne, selon l’archéologue.

Elle serait liée à des changements climatiques qui ont entraîné des sécheresses et affecté les activités agricoles de la région. «Nous voulons comprendre comment la civilisation Caral s’est formée et développée au fil du temps, et comment elle est entrée en crise à cause du changement climatique», a ajouté Ruth Shady.

Au son de pututus (des coquillages), l’ouverture aux touristes ce samedi, mise en scène par des artistes de la région, a débuté par un rituel ancestral d’offrande à la Pachamama, la Terre-Mère, consistant à offrir à la terre des produits agricoles, des feuilles de coca et des boissons locales pour la remercier de ses bienfaits et demander la prospérité.

Les recherches menées par le ministère péruvien de la Culture ont permis d’identifier 18 constructions, notamment des bâtiments, des complexes résidentiels. Parmi eux : le salon cérémoniel des Pututos, où l’on peut apercevoir ces instruments de musique représentés sur les murs d’un salon quadrangulaire.