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TRIBUNE

Iran, 1848 : l’histoire de la première féministe qui rejeta le voile

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Au XIXe siècle, la poétesse Tahéreh Qorrat ol-Eyn, prône l’égalité des sexes et la liberté pour tous, et n’hésite pas à répudier son mari et à enlever son voile lors d’une conférence publique.
Portrait de Tahéreh Qorrat ol-Eyn, poétesse influente, militante des droits des femmes et théologienne de la foi babi en Iran. Illustration du XIXe siècle (Allemagne). (Alamy Stock Photo)
par Yves Bomati, iranologue
publié le 22 octobre 2022 à 15h32

Dans un XIXe siècle iranien très conservateur, une femme poétesse dénonce, seule, un système où les hommes dictent la loi. Cette femme, c’est Tahéreh Qorrat ol-Eyn (qui signifie «la Pure», «Consolation des yeux») (1817-1852). Première des musulmanes chiites à enlever, en 1848, son voile lors d’une conférence publique pour défendre l’égalité des sexes et la liberté pour tous.

Elle est née à Qazvin en 1817 dans une famille religieuse. Son père dirige deux écoles, l’une, pour former les mollahs, l’autre, pour enseigner à quelques enfants les savoirs autorisés. Fait exceptionnel, il lui permet d’écouter ses cours dans une pièce à part. Très douée, Tahéreh sait bientôt lire et écrire, et impressionne par son savoir sur l’islam, la jurisprudence, la littérature persane et arabe. Mariée à 13 ans à un cousin très conservateur, elle donne naissance à trois enfants, ce qui aurait dû la clouer au foyer. Elle ne l’entend pas ainsi. S’opposant à sa famille qui dénonce ses «folies», elle engage une correspondance avec un religieux «rénovateur» Sayed Kazem Rashti (1793-1843), disciple de Cheikh Ahmad Ahsaï (1753-